Comme par enchantement, Azoura Fall retrouve la liberté. Officiellement, on invoque une instabilité mentale pour justifier cette décision. Ce motif, aussi pratique que douteux, sert désormais de passe-droit dans un système judiciaire où les puissants savent tirer les bonnes ficelles.
Pendant que des citoyens croupissent derrière les barreaux pour de simples opinions, d’autres échappent à la justice grâce à des diagnostics bien commodes.
Mais ce qui choque davantage que cette libération, c’est la visite en grande pompe du Premier ministre Ousmane Sonko à la prison. Un geste rare, inédit même, qui soulève une avalanche de questions. Depuis quand un chef de gouvernement se déplace-t-il personnellement pour rendre visite à un détenu ordinaire, sauf si ce dernier est tout sauf ordinaire ? Il faut être naïf pour ne pas y voir autre chose qu’un simple acte de compassion.
Ce déplacement pose un problème grave : celui de l’ingérence potentielle du pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires. À quel moment la séparation des pouvoirs a-t-elle cessé d’exister au Sénégal ? Ce genre de démarche brouille les lignes, affaiblit la crédibilité de nos institutions et nourrit une méfiance déjà profonde envers une justice perçue comme instrumentalisée.
Et si Azoura Fall détenait des informations compromettantes ? Et si sa liberté était le prix à payer pour qu’il garde le silence ? Tout semble indiquer qu’il n’est pas qu’un simple citoyen souffrant. La posture du Premier ministre donne à penser qu’il y a des vérités qu’on veut taire, des alliances qu’on ne veut pas révéler, et des responsabilités qu’on refuse d’assumer au grand jour.
Ce n’est pas juste un fait divers judiciaire, c’est un révélateur. Révélateur d’un système où le traitement inégal des individus dépend de ce qu’ils savent, de qui ils sont, ou de ce qu’ils représentent pour ceux qui gouvernent. Le peuple mérite des réponses claires, pas des mises en scène. Car pendant qu’on détourne le regard, la justice se tord, et la démocratie, elle, vacille.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibou Ngom.
Mis en ligne : 20/05/2025
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