La Russie et l’Ukraine ont procédé ce vendredi 23 mai à la première phase d’un échange massif de prisonniers, fruit de négociations directes tenues à Istanbul mi-mai. Ce premier échange a concerné 390 personnes de part et d’autre, dont 270 militaires et 120 civils pour chacun des deux camps.
Selon les autorités russes, les civils récupérés incluent des habitants de la région de Koursk, capturés par les forces ukrainiennes lors de l’offensive de l’été 2024. Du côté ukrainien, les libérations concernent notamment des membres de la marine, des troupes aéroportées, de la défense territoriale, de la garde nationale et des gardes-frontières, ont précisé les autorités de Kiev.
Cet échange s’inscrit dans le cadre d’un accord prévoyant la libération mutuelle de 1 000 prisonniers de guerre. Les prochaines étapes sont attendues au cours du week-end. « Il est très important de récupérer tous les prisonniers », a insisté le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L’initiative a été saluée par le président américain Donald Trump, qui milite pour un règlement rapide du conflit. « Félicitations aux deux parties pour cette négociation. Cela pourrait conduire à quelque chose d’énorme ??? », a-t-il commenté sur son réseau Truth Social.
Alors que le conflit entre les deux pays entre dans sa quatrième année et que la Russie occupe près de 20 % du territoire ukrainien, l’échange de prisonniers demeure l’un des rares domaines de coopération encore actifs entre Moscou et Kiev. Des milliers de combattants restent détenus, bien que les chiffres exacts demeurent inconnus. Le commissaire ukrainien aux personnes disparues, Artour Dobrosserdov, estimait en avril que près de 10 000 Ukrainiens étaient encore captifs en Russie.
Un haut responsable ukrainien, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a confié à l’AFP que chaque échange réserve son lot de surprises. « Il arrive que des personnes considérées comme mortes ou portées disparues figurent parmi les rapatriés », a-t-il déclaré.
Kiev et Moscou s’accusent mutuellement de violations de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre. Les autorités russes et les administrations locales qu’elles ont mises en place dans les territoires occupés ukrainiens organisent régulièrement des procès contre les captifs ukrainiens, en contradiction avec le droit international.
Des ONG comme Amnesty International ont dénoncé des cas systématiques de torture et de privation de soins médicaux à l’encontre des détenus ukrainiens en Russie. Selon le parquet général ukrainien, environ 270 prisonniers de guerre auraient été exécutés par les forces russes depuis février 2022. Ces exécutions auraient été perpétrées sur ordre, affirme l’institution.
Le corps de la journaliste ukrainienne Viktoria Rochtchina, récemment restitué par la Russie, a relancé l’indignation : selon une enquête, elle aurait été torturée en captivité et certains organes manquaient à son cadavre.
Depuis la réunion d’Istanbul, des spéculations circulent sur l’organisation prochaine d’un second round de négociations. Le lieu reste à déterminer, même si des options comme la Turquie, le Vatican ou la Suisse sont envisagées. Le président Zelensky a confirmé que l’Ukraine « examine toutes les possibilités ».
Toutefois, cette éventualité a été refroidie par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui a critiqué l’idée de discussions en territoire catholique, déclarant qu’il ne serait « pas très élégant que des pays orthodoxes discutent en terre catholique » d’un conflit aussi grave.
Article écrit par : Amadou Baldé.
Mis en ligne : 23/05/2025
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