Il fut un temps où Wayne Rooney était l’enfant roi du football britannique. Révélé à 16 ans comme un prodige à l’énergie brute, Rooney incarna pendant plus d’une décennie l’espoir, puis la frustration, du football anglais.
Aujourd’hui, alors que son nom revient davantage dans les discussions d’entraîneurs limogés que de légendes célébrées, il est temps de regarder Wayne Rooney avec lucidité : fut-il une icône sacrifiée sur l’autel de sa précocité ou simplement un talent qui n’a jamais eu la discipline de ses ambitions ?
Wayne Rooney n’était pas un joueur, c’était une explosion. À 16 ans, il crucifie Arsenal d’une frappe venue d’ailleurs. À 18, il éclabousse l’Euro 2004 de son génie. Manchester United l’achète pour 27 millions d’euros, une somme colossale à l’époque pour un adolescent. Le pays croit avoir trouvé son Pelé. Et à bien des égards, la comparaison n’est pas absurde : vision, puissance, instinct de buteur, rage de vaincre tout y est.
Mais à la différence des très grands, Rooney n’a jamais vraiment évolué. Il a vieilli vite, dans tous les sens du terme. Techniquement, il est resté ce joueur instinctif, parfois brouillon, souvent brillant, mais jamais maître de son art. Physiquement, il s’est usé prématurément la faute à un style de jeu basé sur la hargne plus que sur l’intelligence. Mentalement, il n’a jamais transcendé le chaos intérieur qui le rongeait. Wayne Rooney était un chien de guerre, pas un général. Et dans les grandes batailles, cela se paie.
À Manchester United, Rooney empile les titres (5 Premier League, 1 Ligue des champions) et devient meilleur buteur de l’histoire du club. Sur le papier, c’est irréprochable. Mais jamais Wayne Rooney ne fut LE joueur, celui autour duquel on construit tout. Il a été le lieutenant parfait pour Cristiano Ronaldo, puis un rouage utile sous Ferguson. Il a su briller, parfois même porter l’équipe, mais il n’a jamais dominé l’Europe comme un Messi ou un Zidane. Il n’a même jamais vraiment inspiré la crainte des grandes défenses du continent.
Avec l’équipe d’Angleterre, c’est le vide. Aucun titre, aucune épopée, seulement des déceptions et des blessures. Pire encore, Wayne Rooney a incarné à lui seul l’impuissance anglaise à briller dans les grands tournois. 53 buts en sélection ? Un record sans éclat, majoritairement contre des adversaires de seconde zone. Là où un vrai leader élève son niveau sur la grande scène, Wayne Rooney s’éteignait. À chaque Euro, chaque Coupe du monde, la même ritournelle : blessé, frustré, invisible.
Depuis sa retraite, Wayne Rooney tente de se réinventer en entraîneur. Mais là encore, le verbe est plus grand que la méthode. Derby County, D.C. United, Birmingham City : autant d’étapes marquées par des bilans catastrophiques. Son nom attire encore, mais les résultats ne suivent pas. On a parfois l’impression que Wayne Rooney entraîne comme il jouait : avec les tripes, mais sans plan de jeu clair.
Wayne Rooney restera dans l’histoire comme une figure majeure du football anglais. Mais ce n’est pas une légende universelle. C’est un monument de contradictions, un symbole de potentiel mal canalisé, de talent brut jamais sublimé. À la question « fut-il un grand ? », la réponse est : oui, mais pas autant qu’il aurait dû l’être. Et dans le monde du football de très haut niveau, le « pas autant » est impardonnable.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Daniel Diop.
Mis en ligne : 25/05/2025
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