Abdoulaye Wade fête ses 99 ans : De l’alternance historique à la chute - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - People | Par Coumba Sagna | Publié le 29/05/2025 02:05:01

Abdoulaye Wade fête ses 99 ans : De l’alternance historique à la chute

Ce mercredi, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade souffle ses 99 bougies. À un pas de son centenaire, le patriarche de la scène politique nationale demeure une figure incontournable du Sénégal contemporain. L’occasion de revisiter son passage au pouvoir et de s’interroger sur l’héritage, complexe mais fondamental, qu’il laisse à la nation.

Arrivé au sommet de l’État en mars 2000 après 26 ans passés dans l’opposition, Me Abdoulaye Wade est le premier à avoir arraché la présidence par les urnes, mettant fin à quarante années de régime socialiste. Son élection marque une alternance historique. Charismatique, stratège et réputé pour son intelligence politique, celui que ses partisans appellent affectueusement « Gorgui » s’est immédiatement engagé dans un vaste chantier de modernisation du pays.

Dès les premiers temps de sa présidence, il impulse de grands projets d’infrastructures : autoroute à péage, rénovation de la Corniche de Dakar, construction de l’aéroport international Blaise Diagne, et déploiement des agences de développement régional. Pour Abdoulaye Wade, le développement du Sénégal passait par des investissements lourds et une libéralisation des initiatives.

À l’échelle du continent, il s’illustre par une vision panafricaine affirmée. Co-initiateur du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique), il milite pour une Afrique souveraine, connectée et influente sur la scène internationale. Il prône l’effacement de la dette des pays africains et plaide, dans les tribunes mondiales, pour des institutions continentales fortes. À l’époque, L’Observateur le surnomme « le stratège africain en costume de visionnaire ».

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Mais la seconde moitié de son mandat présidentiel suscite davantage de critiques. Réélu en 2007, Abdoulaye Wade est rattrapé par des accusations de favoritisme, de gouvernance clientéliste, et surtout par la controverse de sa candidature à un troisième mandat en 2012. Jugée inconstitutionnelle par une grande partie de l’opinion publique, cette tentative provoque une crise politique et alimente la contestation, portée notamment par le mouvement citoyen Y’en a marre. Finalement battu par son ancien Premier ministre Macky Sall, Wade quitte le pouvoir sur un revers électoral.

Avant d’être chef d’État, il était déjà une figure intellectuelle respectée. Docteur en droit et en économie, professeur à l’Université de Dakar, il croyait dans le rôle central de la pensée et du savoir pour transformer les sociétés. Son éloquence, son goût pour les concepts, son ton souvent professoral mais volontiers audacieux, faisaient de lui un acteur politique atypique. Pour Wade, l’Afrique devait penser par elle-même, avec audace et indépendance.

Son legs ne se limite pas aux infrastructures visibles. Il s’inscrit également dans les réformes institutionnelles qu’il a engagées : réforme du Conseil constitutionnel, décentralisation, libéralisation de l’espace médiatique, ou encore promotion du numérique. Des initiatives dont certaines n’ont porté leurs fruits que bien après son départ du pouvoir.

Sur le plan politique, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS), qu’il a fondé, continue d’exister, bien que fragilisé. La perspective d’une succession par son fils, Karim Wade, divise toujours. Pourtant, son influence reste palpable. Nombre de figures majeures de la scène politique actuelle Macky Sall, Idrissa Seck, Ousmane Sonko ou encore Bassirou Diomaye Faye ont, à un moment, croisé la trajectoire de Wade, comme alliés, rivaux ou héritiers.

Dans un entretien accordé à L’Observateur en 2023, Abdoulaye Wade confiait : « J’ai voulu faire du Sénégal un pays debout, confiant, ouvert sur le monde. Tout n’a pas marché, mais j’ai donné le meilleur de moi-même. » Des mots qui résonnent aujourd’hui comme l’épitaphe politique d’un homme qui a consacré sa vie à la République.

Article écrit par : Amadou Baldé.
Mis en ligne : 29/05/2025

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