Monsieur le Président Bassirou Diomaye Faye, il est de notre devoir, en tant que représentants des pêcheurs artisanaux de Saint-Louis, de vous alerter sur une imposture historique en cours dans notre région. Les opérateurs du projet GTA, avec à leur tête BP et Kosmos, continuent de piller nos ressources halieutiques et de saccager notre environnement au mépris total de la dignité des populations locales.
Ce projet n’est rien d’autre qu’une entreprise néocoloniale qui sacrifie nos intérêts sur l’autel de la cupidité transnationale, cautionnée hier par le régime de Macky Sall et aujourd’hui, hélas, toujours en cours.
Sur le plan environnemental, les violations sont massives. L’étude d’impact du projet GTA, jugée “biaisée” par la Commission néerlandaise pour l’évaluation environnementale, avait été rejetée en 2018 par la Direction sénégalaise de l’environnement. Pourtant, elle sert toujours de base à l’exploitation. BP ne respecte ni les normes OSPAR contre la pollution marine, ni les conventions internationales ratifiées par notre pays, telles que la Convention d’Abidjan ou celle des Nations unies sur le droit de la mer. Le torchage massif de méthane, les produits toxiques non contrôlés, les déchets chimiques… tout cela se déroule à 125 km de nos côtes, sans aucune transparence ni accès au plan de gestion environnemental, jamais publié. Une opacité volontaire, scandaleuse.
Côté pêche artisanale, c’est un désastre humain et social soigneusement orchestré. Pour anesthésier les communautés de pêcheurs, BP a mis en scène une fausse politique de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), confiée à une structure sans expertise, ADEPA. Cette dernière, à coups de miettes financières (70 millions par an pour 28 000 personnes !), a permis d’installer un système interne dans le secteur de la pêche. Des relais communautaires, sans légitimité, se sont approprié la parole des pêcheurs pour servir les intérêts de BP. Pire, un nouveau cadre baptisé CDC a été créé pour justifier des dépenses opaques sans consulter les véritables concernés. “Ce qui se fait pour moi sans moi se fait contre moi” : cette maxime résume parfaitement l’humiliation que subissent nos pêcheurs.
Le scandale des récifs artificiels est tout aussi révélateur. Après avoir détruit le site de Diatara, l’un des récifs naturels les plus poissonneux, BP a promis en 2019 de construire six récifs artificiels. Promesse non tenue. En octobre 2024, sous la pression des pêcheurs, BP annonce en catimini la construction d’un seul récif pour 3,5 milliards, balayant les engagements précédents. Cette trahison, dénoncée publiquement, démontre que BP n’a jamais eu l’intention de réparer les dégâts causés. Résultat : plus de 1 800 pirogues sont à l’arrêt, des milliers de familles sombrent dans la précarité, et les tensions avec la Mauritanie s’aggravent à cause des frontières maritimes floues.
Nous concluons sans détour : le projet GTA, dès sa phase initiale, est entaché de scandales, de pots-de-vin, de rétrocommissions et de conflits d’intérêts, comme le montre l’affaire Timis & Sall. Le peuple sénégalais, et particulièrement les pêcheurs de Saint-Louis, en paient le prix fort. Monsieur le Président, il est encore temps de rectifier cette trajectoire destructrice. Nous n’acceptons plus d’être sacrifiés au profit d’intérêts étrangers déguisés en développement. Le pillage ne se négocie pas. Il se combat.
Article opinion écrit par le créature de contenu : Papis Baldé.
Mis en ligne : 29/05/2025
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