Une fois encore, le sang des innocents coule dans les régions du Nord-Mali, et cette fois-ci, le rapport du Collectif pour la défense des droits du peuple de l’Azawad (CD-DPA) est sans appel. Plus de 350 morts, des centaines d’enlèvements, des femmes violées, des enfants tués. Ce n’est pas un lointain passé colonial que l’on décrit, mais bien les six derniers mois.
L’horreur porte désormais l’uniforme d’une armée censée protéger, épaulée par des mercenaires russes sans foi ni loi. Ces chiffres glaçants ne doivent plus être traités comme de simples statistiques. Ce sont des cris étouffés de victimes abandonnées à leur sort.
Le Mali, qui clame sa souveraineté à coups de communiqués triomphants, construit cette prétendue indépendance sur les ruines fumantes de ses propres villages. Que reste-t-il d’un État lorsqu’il retourne ses armes contre ses citoyens ? Loin d’une guerre contre le terrorisme, c’est une guerre contre des civils désarmés qui se joue à Kidal, à Tombouctou, à Aslagh. Des commerçants, des éleveurs, des enfants devenus cibles militaires. Cette stratégie de la terreur, maquillée en sécurisation du territoire, ne trompe plus personne. Elle expose une logique de domination brutale, un mépris absolu pour la vie humaine.
Et que dire du rôle de Wagner, bras armé d’intérêts étrangers dans une guerre qui n’est plus seulement malienne ? Leur présence dans le nord du pays n’a rien d’une aide militaire, c’est une occupation pure et simple, avec son lot d’exactions, de pillages, de disparitions. Le peuple de l’Azawad n’a jamais été aussi vulnérable, abandonné à la merci d’un pouvoir militarisé qui se sert de la guerre comme d’un écran pour museler les revendications légitimes d’autonomie, de justice, de respect.
Ce rapport du CD-DPA n’est pas qu’un constat ; il est une accusation grave lancée à la face d’un régime qui cherche à faire taire les voix dissidentes par la force et la peur. Quand des femmes sont violées par des soldats, quand des enfants sont enlevés ou exécutés sans jugement, il ne s’agit plus d’ombres, mais de crimes. L’impunité qui entoure ces actes n’est pas une coïncidence : c’est une stratégie. Une stratégie qui a pour but de briser la résistance, d’anéantir toute volonté d’organisation des communautés du Nord.
Nous devons porter la voix de ces populations martyrisées. L’Afrique ne peut continuer de détourner le regard pendant que des États utilisent leurs armées comme des outils de répression ethnique. Ce qui se passe au Nord-Mali est un drame que nul ne doit ignorer. C’est une urgence morale, un appel lancé à toutes les consciences libres : refuser l’indifférence, dénoncer les coupables, soutenir ceux qui, malgré la terreur, osent encore témoigner.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Dramé.
Mis en ligne : 04/06/2025
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