Lors du dernier Conseil des ministres, le Premier ministre Ousmane Sonko a reconnu que la Direction générale de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation du Sol (Dgscos) a enregistré des milliers de plaintes liées à des conflits fonciers sur la période 2024-2025. Si cette reconnaissance officielle témoigne d’une certaine transparence, elle révèle également une situation préoccupante : le manque criant de réponses concrètes face à une crise foncière qui perdure.
Depuis plusieurs années, le Sénégal fait face à une multiplication des conflits fonciers, aussi bien en milieu urbain que rural. Ces litiges, souvent complexes, touchent de nombreuses couches de la population : propriétaires dépossédés, paysans expropriés, jeunes en quête de terrains pour bâtir ou cultiver. L’État, censé jouer un rôle d’arbitre équitable, peine manifestement à répondre aux attentes de ses citoyens.
L’aveu du Premier ministre sur l’ampleur des plaintes reçues est significatif. Pourtant, le fait que la plupart d’entre elles restent encore sans solution soulève des questions majeures. Cette situation suggère non seulement une lourdeur administrative, mais aussi un déficit de suivi et d’efficacité dans la gestion des conflits fonciers. Chaque plainte non résolue représente, pour un citoyen, une source d’inquiétude, d’injustice ou de précarité prolongée.
L’accumulation de dossiers non traités indique un engorgement préoccupant. Cela reflète des dysfonctionnements internes qui devraient être analysés et corrigés rapidement.
Si les autorités reconnaissent l’ampleur du problème, il est nécessaire qu’elles traduisent cette prise de conscience en actions concrètes. Une réforme du système foncier, plus transparente et accessible, s’impose.
Le foncier est un levier fondamental de stabilité et de développement. Lorsque les plus modestes ne parviennent pas à faire valoir leurs droits, cela nourrit le sentiment d’injustice et fragilise la cohésion sociale.
Selon plusieurs études et rapports d’ONG nationales, la majorité des conflits fonciers en zones périurbaines provient d’un manque de transparence dans l’attribution des terres et d’une superposition de titres fonciers. Ce constat n’est pas nouveau. De nombreuses voix appellent à une digitalisation des procédures, à une meilleure concertation entre les acteurs et à un traitement accéléré des réclamations.
Des pays comme le Rwanda ont mis en place un système numérique centralisé de gestion foncière, accessible au public et permettant de réduire considérablement les litiges. Ce modèle montre que des solutions existent, à condition de faire preuve de volonté et d’engagement durable.
Le constat est clair : malgré la reconnaissance de l’ampleur des litiges, les résultats concrets tardent à se faire sentir. Il est urgent de passer des paroles aux actes. Le gouvernement doit redoubler d’efforts pour offrir à chaque citoyen une réponse juste, rapide et transparente à ses doléances foncières.
Nous appelons les autorités à prendre la pleine mesure de cette crise, à renforcer les mécanismes de gestion foncière et à placer la justice foncière au cœur des priorités de l’État. Les terres ne sont pas qu’un enjeu économique : elles sont un droit, un héritage, une dignité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Diop Dème.
Mis en ligne : 06/06/2025
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