Lors d’une récente intervention à Marrakech dans le cadre de la « Mission 300 », Macky Sall, ancien président du Sénégal, a vivement dénoncé l’arrêt des financements internationaux pour les projets gaziers en Afrique.
Qualifiant cette politique d’« absurdité », il affirme que les pays africains, toujours à la recherche de solutions pour leur électrification, ne peuvent se passer des énergies fossiles. Pourtant, lorsqu’il était aux commandes de l’État sénégalais, ce même Macky Sall s’est montré bien timide en matière d’investissements concrets dans les énergies renouvelables. Cette contradiction mérite d’être pointée du doigt.
À l’échelle internationale, la pression pour une transition énergétique verte se fait de plus en plus forte. De nombreuses institutions financières ont commencé à retirer leurs soutiens aux projets liés aux énergies fossiles, préférant encourager le solaire, l’éolien ou l’hydroélectrique. Ce basculement met en difficulté des pays africains qui peinent encore à garantir un accès universel à l’électricité. Dans ce contexte, les dirigeants africains multiplient les protestations, dénonçant une transition « injuste » qui ne tiendrait pas compte de leurs réalités économiques et sociales.
Ce qui frappe dans la sortie de Macky Sall, c’est son indignation tardive. Durant ses douze années de présidence, il n’a pas fait de l’énergie renouvelable une priorité. Certes, quelques projets solaires ont vu le jour, mais leur envergure est restée limitée face aux enjeux. Le Sénégal, à l’instar de beaucoup de ses voisins, a largement misé sur les promesses du gaz, retardant les investissements stratégiques dans un mix énergétique durable.
Aujourd’hui, que les financements se raréfient et que son mandat est derrière lui, Macky Sall adopte un discours offensif, accusant les pays du Nord d’imposer un agenda climatique hypocrite. Pourtant, qui avait la responsabilité de préparer son pays aux bouleversements prévisibles du marché énergétique mondial ? Lui, entre autres.
Les dirigeants africains, y compris Macky Sall, ont eu des décennies pour bâtir une stratégie énergétique résiliente. Plutôt que de se plaindre du retrait des bailleurs, ils devraient faire leur mea culpa pour ne pas avoir anticipé. Le soleil brille abondamment sur l’Afrique ; l’énergie éolienne, hydraulique et biomasse regorgent de potentiel. Or, les politiques publiques sont restées focalisées sur le pétrole et le gaz, plus attractifs à court terme, mais plus risqués à long terme.
Des pays comme le Maroc ont su, malgré des moyens limités, investir massivement dans le solaire et l’éolien, réduisant progressivement leur dépendance aux importations fossiles.
Le coup de gueule de Macky Sall aurait eu plus de poids s’il avait été accompagné d’un bilan solide en matière d’énergies renouvelables durant son mandat. En l’état, il ne fait que mettre en lumière son manque d’anticipation et son double discours. Aujourd’hui, l’Afrique doit choisir : continuer à pleurnicher sur l’injustice climatique ou prendre enfin son destin énergétique en main.
Les peuples africains doivent exiger des dirigeants visionnaires, capables d’agir dès maintenant pour préparer une transition énergétique adaptée à nos réalités. Le temps des discours creux est terminé. Ce sont des actions concrètes, stratégiques et durables qu’il nous faut.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Christ Ndour.
Mis en ligne : 06/06/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
