La dérive de la justice sénégalaise est aujourd’hui plus flagrante que jamais. Et je ne suis pas le seul à le constater. Cette institution, censée incarner le socle de notre démocratie, a trahi sa mission fondamentale.
Elle a abandonné l’idéal d’équité pour se transformer en outil au service d’un système inégal, profondément corrompu. Lorsqu’une justice pratique le deux poids, deux mesures, châtie les faibles et protège les proches du pouvoir, ce n’est plus une justice c’est une parodie.
Un exemple récent, concret, scandaleux l’illustre parfaitement : Azoura Fall. Cet homme a proféré des propos insultants, violents et indignes envers la mère de l’ancien président Macky Sall. Des paroles odieuses, qui auraient dû être sévèrement punies par toute juridiction digne de ce nom. Pourtant, le jugement rendu fut une gifle pour tous les Sénégalais épris de justice : six mois de prison avec sursis. Autrement dit, aucune peine réelle. Il repart librement, comme si de rien n’était.
Au même moment, Assane Diouf et Abdou Nguer, eux, croupissent toujours en prison. Leur crime ? Avoir exprimé à haute voix ce que beaucoup murmurent. Avoir dénoncé. Avoir dérangé. Voilà désormais ce qu’il faut pour finir derrière les barreaux au Sénégal. Il n’est plus nécessaire de voler ou de tuer. Il suffit de ne pas plaire aux bonnes personnes.
C’est là toute la dérive de la justice sénégalaise : une justice réservée à une élite, construite sur les privilèges et instrumentalisée à des fins politiques.
Cette mascarade judiciaire n’est pas un accident. C’est un système bien rôdé. Une mécanique installée, banalisée, qui piétine chaque jour nos principes républicains. Une justice qui protège certains, sacrifie les autres. Une justice qui bafoue la Constitution quand ça l’arrange et l’utilise comme rempart pour sauver ses protégés.
Les conséquences sont lourdes. Elles sont sociales, politiques, humaines. Car cette injustice permanente, cette impunité institutionnalisée, alimente une colère sourde mais bien réelle dans la population. Une colère légitime, qui peut éclater à tout moment. Ceux qui se taisent aujourd’hui, qui préfèrent détourner le regard, porteront demain la responsabilité si le peuple choisit de se faire justice lui-même.
Il est encore temps de stopper cette dérive. Mais cela exige une rupture. Une vraie. Il faut que la justice redevienne l’affaire de tous, et non celle de quelques-uns. Il faut que chaque citoyen, puissant ou modeste, soit jugé selon les mêmes lois, sans exception.
Sinon, ne vous y trompez pas : le pays court vers une rupture brutale. Nulle société ne peut durer sur l’injustice.
Pour ma part, je refuse le silence. Je refuse la complicité passive. C’est notre devoir, à nous citoyens, journalistes, militants, de refuser. De dénoncer. De résister.
Car la dérive de la justice sénégalaise est réelle. Et tant qu’elle persistera, nous continuerons à faire entendre notre indignation.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cheikh Sylla.
Mis en ligne : 07/06/2025
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