Une clémence dangereuse pour la société : Grâce présidentielle - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Maimouna | Publié le 09/06/2025 02:06:44

Une clémence dangereuse pour la société : Grâce présidentielle

Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, vient d’accorder une grâce présidentielle à 1 466 détenus à l’occasion de la Tabaski. Présentée comme un acte de clémence et de tradition républicaine, cette décision suscite pourtant des interrogations légitimes.

En tant que citoyen préoccupé par la sécurité collective et l’intégrité de notre système judiciaire, je prends clairement position contre cette mesure précipitée. Sous prétexte de réinsertion et d’humanité, c’est la sécurité de la société qui est mise en péril.

La grâce présidentielle, régulièrement accordée lors de fêtes religieuses ou nationales, est censée redonner une seconde chance à des individus jugés aptes à se réinsérer. Mais au Sénégal, comme dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, cette pratique devient un rituel automatique, dépourvu d’une évaluation rigoureuse de son efficacité. Le contexte post-électoral et l’image d’un président proche du peuple semblent avoir pesé plus lourd que la responsabilité de protéger la société.

Les autorités affirment que les personnes graciées sont des « délinquants primaires », « des détenus âgés », « des mineurs » ou « des malades ». Des catégories vagues qui ne garantissent en rien l’innocuité de ces individus une fois relâchés. Qui évalue les « gages de resocialisation » ? Sur quelles bases concrètes repose ce jugement ? Combien d’entre eux ont bénéficié d’un véritable programme de réhabilitation en prison ? Ces questions restent sans réponse.

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En réalité, le système carcéral sénégalais est défaillant : surpopulation, manque de suivi psychologique, quasi-absence de programmes de réinsertion sérieux. Libérer en masse des individus, sans filet social ou professionnel, revient à jeter de l’huile sur le feu.

Premièrement, l’absence de transparence dans les critères de sélection alimente le doute. Le ministère de la Justice n’a publié aucune liste nominative, aucune statistique détaillée sur les infractions concernées. Tout repose sur une communication vague et rassurante, mais déconnectée de la réalité.

Deuxièmement, des cas de récidive sont déjà documentés après des grâces précédentes. Certains anciens détenus ont replongé dans la criminalité, faute d’encadrement réel. Or, ces récidives ne font jamais la une, et l’opinion publique reste volontairement dans l’ignorance.

Troisièmement, cette mesure peut être perçue comme un message de laxisme. Comment espérer construire une société juste si des individus condamnés peuvent, au gré d’une fête religieuse, échapper à leur peine ?

D’autres pays, comme le Rwanda, conditionnent leurs grâces à des programmes rigoureux de réinsertion, avec un accompagnement post-carcéral obligatoire. En Norvège ou au Canada, la libération anticipée s’inscrit dans une démarche globale de suivi. Le Sénégal, en comparaison, applique une mesure de libération sans filet ni stratégie.

La réinsertion ne se décrète pas, elle se construit. Libérer plus de 1 400 détenus sans accompagnement sérieux revient à faire peser un risque réel sur la société. Derrière l’acte symbolique de clémence présidentielle, c’est un aveu d’échec de notre système judiciaire et social. Il est temps d’arrêter ces grâces de convenance et de se concentrer sur une réforme en profondeur de notre politique carcérale.

Nous, citoyens, devons exiger plus de rigueur, de transparence et de responsabilité. Refusons que la grâce présidentielle serve de cache-misère à l’inaction de l’État. Il est de notre devoir de demander des comptes avant qu’il ne soit trop tard.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : David Diop.
Mis en ligne : 10/06/2025

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2 commentaires
Ramata Yade
Léne dé khame nako défe katou niaye téfe yi guéne beugue libéré narou léne loudoule yokke insécurité bi thi réwe mi
Le 2025-06-10 11:40:03
eljhadji
cette anné il ne devais pas faire de grace vu la recrudescence des agrestions et viols juste pour donné des leçons
Le 2025-06-10 10:48:47

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Ramata Yade
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eljhadji
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