La rumeur persistante d’une possible candidature de Macky Sall au poste de Secrétaire général de l’ONU, relayée récemment dans l’émission Face à Maimouna Ndour Faye sur 7TV, remet l’ancien président au cœur des débats politiques sénégalais. Me Ngagne Demba Touré, directeur général de la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN), y a apporté une analyse mesurée, insistant sur la nécessité d’un soutien fondé sur les valeurs et non sur la nationalité.
Si sa position semble équilibrée, elle souligne en creux une réalité plus troublante : Macky Sall continue d’occuper une place disproportionnée dans le discours public, au détriment des véritables urgences du pays.
Depuis son départ du pouvoir, Macky Sall reste omniprésent dans les médias, les conversations politiques et même dans l’agenda des dirigeants actuels. Cette fixation s’apparente à une distraction qui empêche le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko de se concentrer pleinement sur les défis majeurs du Sénégal. À force de se positionner contre Macky, ils en oublient parfois d’agir pour le Sénégal.
Le chômage des jeunes demeure une tragédie silencieuse, l’école publique est en crise chronique, et les hôpitaux manquent de moyens. Où sont les solutions concrètes ? Où est le programme de transformation promis par ceux qui se sont longtemps présentés comme l’alternative salvatrice ? En focalisant le débat sur Macky Sall, les nouveaux dirigeants risquent de reproduire les erreurs du passé : personnalisation du pouvoir, querelles d’ego et détournement de l’attention publique.
Cette tendance n’est pas propre au Sénégal. En Guinée, l’ombre d’Alpha Condé plane encore, tout comme Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Mais les pays qui ont su véritablement tourner la page sont ceux dont les nouvelles autorités ont proposé un projet clair, crédible et mobilisateur. Le Rwanda post-Kagame (scénario encore hypothétique mais étudié) illustre les bénéfices d’une transition axée sur les politiques, pas sur les figures du passé.
Nos dirigeants actuels doivent arrêter de faire de Macky Sall leur boussole. Gouverner, ce n’est pas dénoncer sans cesse l’héritage ; c’est bâtir l’avenir. Le Sénégal a trop longtemps été le théâtre de règlements de comptes politiques. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce sont des réformes structurelles, du courage politique, et une vision ambitieuse qui transcende les querelles anciennes.
En fin de compte, la question n’est pas de savoir si Macky Sall peut ou non diriger l’ONU. La vraie question est : pourquoi continuons-nous à parler de lui comme s’il était encore au pouvoir, alors que tant de Sénégalais attendent des réponses urgentes à leurs souffrances quotidiennes ?
Que ceux qui ont été élus pour incarner le changement se mettent enfin au travail.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Modou Tine.
Mis en ligne : 10/06/2025
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