Dimanche dernier, lors du 137e pèlerinage marial de Popenguine, la Première Dame Absa Faye a multiplié les apparitions : visites sur le terrain, distribution de kits aux pèlerins, discours humanistes… À première vue, son engagement semble louable. Mais à y regarder de plus près, cette omniprésence médiatique devient inquiétante.
Derrière cette façade philanthropique, se cache une stratégie de visibilité qui frôle l’indécence. Cette mise en scène permanente nuit à la présidence et détourne l’attention des véritables priorités du pays.
Le Sénégal vit une période politique délicate, marquée par une attente forte de rupture et de sobriété. L’accession de Bassirou Diomaye Faye à la présidence s’est faite sur la promesse d’une gouvernance nouvelle, transparente, recentrée sur les urgences nationales. Or, pendant que le pays s’interroge sur l’état de l’économie, de l’éducation et de la justice sociale, la Première Dame semble davantage préoccupée par son image que par une réelle action discrète et efficace.
La présence d’Absa Faye à Popenguine n’est pas un événement isolé. Depuis plusieurs semaines, elle enchaîne les apparitions publiques : visites d’hôpitaux, prises de parole, distributions symboliques… Toujours sous l’œil des caméras, toujours avec une mise en scène soignée. Tout se passe comme si elle tenait à incarner une « Première Dame active », mais surtout visible. L’humanitaire devient spectacle, l’engagement un prétexte à la lumière.
Certes, l’ancienne Première Dame, Marème Faye Sall, avait elle aussi joué un rôle public actif. Mais la comparaison ne tient pas totalement. Marème Faye, bien que présente, agissait souvent dans une posture plus discrète et institutionnelle. Elle savait doser ses apparitions et éviter le piège de la « starisation ». Aujourd’hui, Absa Faye donne l’impression de vouloir systématiquement capter l’attention médiatique, à un moment où le pays attend du calme, de la retenue et du sérieux.
Cette surexposition nuit à l’aura de la fonction présidentielle. Elle brouille le message de sobriété voulu par le chef de l’État. Elle fait naître un malaise, une impression de superficialité dans la gestion du pouvoir. Quand la Première Dame prend plus de place dans les médias que bien des ministres, il est légitime de se poser des questions sur la hiérarchie des priorités. Où sont les solutions concrètes aux problèmes structurels ? Où sont les mesures pour améliorer le quotidien des Sénégalais les plus démunis ?
Dans des pays comme le Ghana ou le Cap-Vert, les Premières Dames restent en retrait, se consacrant à des fondations discrètes, souvent hors des projecteurs. Cette posture contribue à la crédibilité des institutions. À l’inverse, dans certains régimes plus personnalisés, la Première Dame devient un instrument de communication. Le Sénégal ne peut pas se permettre ce glissement.
Qu’Absa Faye adopte un rôle plus mesuré. La visibilité ne doit pas remplacer l’action. L’image ne doit pas supplanter les résultats. Les caméras doivent revenir sur les véritables urgences : les hôpitaux à rénover, les écoles à équiper, les jeunes à former. La Première Dame n’est pas une célébrité ; elle est, ou doit rester, une figure d’accompagnement institutionnel, sobre et discrète.
Pour le bien de la République, il est urgent de recentrer les priorités. L’heure n’est plus à la mise en scène.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Clémence Diouf.
Mis en ligne : 10/06/2025
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