Le fait divers relaté dans L’Observateur ce jeudi 12 juin aurait pu passer pour un énième accrochage entre citoyens et forces de l’ordre. Mais non. Il s’agit ici d’un comportement scandaleux, intolérable, d’une célébrité qui se croit au-dessus des lois. Le célèbre lutteur Ama Baldé, accompagné de son frère Pathé et de leur neveu « Julo », est recherché pour violences sur agent.
Ce type d’attitude doit être dénoncé sans détour : l’arrogance toxique de certains « héros » médiatiques alimente une culture dangereuse où défier l’État devient presque banal.
Le 25 mai dernier, des policiers de Pikine se rendent au domicile familial des Baldé pour remettre une convocation à Julo, impliqué dans une affaire de vol. Ils le surprennent en flagrant délit de consommation de chanvre indien. Mais au lieu de collaborer, Ama Baldé et son entourage transforment l’intervention policière en champ de bataille. Un policier est blessé, menacé avec un gourdin, et l’équipe contrainte de battre en retraite. Plus humiliant encore : l’accusé principal se permet ensuite de publier une vidéo ironique depuis la France, comme s’il était en vacances après avoir jeté un pavé dans la mare judiciaire sénégalaise.
Ce qui choque ici, ce n’est pas seulement la violence physique, mais surtout la violence symbolique infligée à nos institutions. Quand un citoyen, fut-il champion de lutte, menace la police, empêche une arrestation et se permet de fuir à l’étranger tout en fanfaronnant sur les réseaux sociaux, c’est toute l’autorité de l’État qui est piétinée. Cela envoie un signal clair et désastreux : si vous êtes connu, vous pouvez tout vous permettre. Et c’est précisément ce message qui alimente un climat d’anarchie sociale.
Il n’y a aucune raison pour qu’Ama Baldé bénéficie d’un traitement particulier. Le respect de la loi n’est pas une variable ajustable en fonction de la notoriété. En tolérant ces écarts, même provisoirement, les autorités donnent un blanc-seing à d’autres figures influentes pour s’ériger en petits chefs hors-la-loi. Ce sentiment d’impunité n’est pas nouveau, et il est dangereux. Qu’on se rappelle d’autres cas de célébrités sénégalaises ou africaines ayant bravé la loi en toute tranquillité, jusqu’à ce que le scandale devienne trop gros pour être ignoré. Cela doit cesser.
Dans des pays comme la France ou les États-Unis, des stars déchues pour des comportements similaires sont régulièrement traînées devant les tribunaux, parfois incarcérées, avec la même rigueur qu’un citoyen ordinaire. Pourquoi au Sénégal, ce réflexe judiciaire semble-t-il s’émousser devant un titre de champion ? Qu’aurait-il fallu de plus ? Un mort ? Un policier en fauteuil roulant pour que l’on réagisse enfin avec fermeté ?
Nous ne pouvons plus rester silencieux face à cette dérive. L’État doit reprendre la main. Ama Baldé doit être retrouvé, arrêté et jugé. Il ne s’agit pas d’humilier un homme, mais de rétablir une justice bafouée. Car à travers lui, c’est toute une jeunesse qui observe. Et si le message envoyé est que la célébrité vaut passe-droit, alors demain, d’autres jeunes défieront la police, croyant qu’un statut médiatique les rend invincibles.
Agir devient une nécessité. Rappeler, haut et fort, que nul n’est au-dessus de la loi. Surtout pas ceux qui, de par leur popularité, devraient montrer l’exemple.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Assane Diop.
Mis en ligne : 12/06/2025
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