Ce 1er juillet, la Cour suprême du Sénégal est appelée à se prononcer sur un énième rebondissement dans l’affaire opposant l’ancien international sénégalais Tony Sylva à son ex-épouse, Aïda Bâ. Au cœur du contentieux : la gestion post-divorce de leur patrimoine, évalué à plusieurs dizaines de millions de francs CFA. Déjà condamnée pour abus de confiance en appel, Aïda Bâ conteste cette décision devant la plus haute juridiction. Mais au-delà de ce conflit conjugal, ce dossier met en lumière une problématique plus vaste : l’injustice que subissent de nombreux sportifs professionnels, souvent vulnérables, face à des conjoints opportunistes et à un système juridique mal adapté à leurs réalités.
Tony Sylva, ancien gardien emblématique des Lions de la Téranga et aujourd’hui membre du staff technique, a intenté une action en justice contre son ex-épouse pour dissimulation présumée d’un bien immobilier lors de leur séparation. Bien que mariés sous le régime de la communauté des biens, l’ex-footballeur affirme avoir été lésé d’un montant avoisinant les 50 millions de francs CFA. Le tribunal d’appel lui a donné raison. Cependant, Aïda Bâ, déboutée en cassation, espère désormais un renversement de la décision par la Cour suprême.
Ce différend dépasse le cadre d’un simple divorce houleux. Il révèle une faille inquiétante dans la protection juridique des sportifs professionnels, souvent mal préparés aux enjeux de la vie conjugale et patrimoniale. Après des années de sacrifices, de rigueur et de risques physiques, nombreux sont les athlètes qui, une fois à la retraite, se retrouvent confrontés à des conflits juridiques mettant en péril les fruits de toute une carrière. Or, selon plusieurs études, près de 60 % des anciens athlètes traversent des difficultés financières dès les cinq premières années de leur retraite ; les divorces comptent parmi les principales causes d’effondrement de patrimoine.
La relation entre célébrité, confiance aveugle et vulnérabilité est un terrain glissant. Les sportifs vivent dans une bulle où l’on confond souvent loyauté et intérêt personnel. L’histoire de Tony Sylva, qui a gravi les sommets du football européen avant de revenir servir son pays, montre à quel point ces figures publiques sont exposées à des injustices déguisées en différends privés.
Des carrières brèves et instables : Un footballeur professionnel a en moyenne dix à quinze ans de carrière. Les revenus générés doivent garantir la stabilité d’une vie post-retraite souvent difficile. Toute escroquerie ou abus dans la gestion de ce capital compromet gravement cette sécurité.
Des risques énormes : Blessures, pressions, sacrifices familiaux… les sportifs mettent leur corps et leur santé mentale à rude épreuve. La moindre spoliation équivaut à bafouer ces sacrifices.
Une justice mal calibrée : Le système judiciaire sénégalais peine encore à intégrer les spécificités liées aux patrimoines des célébrités sportives. Les mécanismes de contrôle, de conseil et de prévention dans le cadre des unions maritales sont insuffisants.
Ce type d’affaire n’est pas isolé. En France, l’ex-footballeur Emmanuel Petit a publiquement dénoncé les pertes financières subies lors de son divorce. Aux États-Unis, de nombreux sportifs de haut niveau se retrouvent ruinés par des règlements matrimoniaux déséquilibrés. Ces cas doivent nous pousser à repenser les dispositifs de protection juridique des athlètes, au-delà des terrains.
L’affaire Tony Sylva-Aïda Bâ est symptomatique d’un problème structurel : celui d’un système qui laisse des individus, après avoir porté haut les couleurs de leur nation, vulnérables aux coups du sort et aux abus de confiance. Il est temps d’instaurer des mécanismes de conseil patrimonial et juridique obligatoires pour les sportifs en activité. Parce que leur gloire est éphémère, mais leur droit à une vie digne ne devrait jamais l’être.
Il revient aux autorités sportives, juridiques et politiques de garantir un encadrement plus juste pour les sportifs. Protéger leur avenir, c’est reconnaître leur contribution passée. La justice doit trancher, mais aussi réformer.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Yves Coly.
Mis en ligne : 01/07/2025
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