Face à la vive controverse autour de l’attribution d’un marché public par l’Assemblée nationale, le président-directeur général du groupe CCBM, Serigne Mboup, a tenu à rétablir les faits et à défendre la place des entreprises locales dans les appels d’offres publics.
Dans une déclaration rendue publique, l’homme d’affaires s’explique, dénonce certaines dérives et appelle à davantage de transparence.
« En concertation avec notre partenaire, nous avons saisi le Club des investisseurs du Sénégal pour signaler certaines irrégularités dans la procédure. Je remercie le Club pour sa disponibilité et son écoute », déclare Serigne Mboup en introduction, posant ainsi le décor d’un dossier aux contours jugés troubles.
Serigne Mboup précise par ailleurs n’avoir aucun intérêt direct dans ce marché précis. « Personnellement, j’ai pris la décision de ne pas soumissionner à ce marché, compte tenu de mes responsabilités actuelles, de mes relations respectueuses avec les autorités et du soutien que j’ai apporté à la majorité lors des dernières législatives, dans l’optique de contribuer à un développement économique ambitieux pour le pays », explique-t-il.
Mais derrière cette prise de distance, c’est une inquiétude profonde qui transparaît : celle d’un déséquilibre dans le traitement des entreprises sénégalaises face aux multinationales étrangères. « Il est regrettable que des entreprises multinationales sénégalaises comme CCBM et EMG soient exclues ou délibérément écartées au profit de multinationales étrangères, sous prétexte de ‘crédibilité’ ou orientées vers des marques imposées, au mépris des spécifications techniques et de l’évolution mondiale vers des véhicules plus modernes et compétitifs », déplore-t-il.
Un constat amer pour un groupe 100 % sénégalais, actif depuis les années 1960 et investi depuis 2005 dans le secteur automobile. « Nous n’avons jamais réclamé de faveur, mais nous constatons une mise à l’écart persistante. Depuis 2019, aucun marché public ne nous a été attribué, malgré notre place parmi les quatre premiers concessionnaires du pays et notre unité de montage industrielle, que le président actuel de l’Assemblée avait visitée alors qu’il était ministre des Transports », rappelle Serigne Mboup.
Serigne Mboup remonte jusqu’en 2007, évoquant le seul marché décroché par CCBM auprès de l’Assemblée nationale, sur la base d’une offre deux fois moins chère que ses concurrents. « Ce marché avait déjà suscité des polémiques injustes. Et aujourd’hui encore, nous subissons un préjudice de près de 500 millions FCFA en arriérés non réglés, notamment pour des entretiens réalisés auprès de plusieurs institutions de la République », ajoute-t-il.
Face à cette situation, l’entrepreneur se montre ferme. « CCBM n’était pas intéressé par ce marché et préfère concentrer ses efforts sur le secteur privé et le développement sous-régional. Nous ne cherchons ni privilège ni polémique, mais nous refusons le mépris ou la marginalisation des entreprises nationales. »
Pour conclure, Serigne Mboup lance un appel à l’État et aux autorités contractantes : « La transparence, l’équité et le mérite doivent guider l’attribution des marchés publics. Nous restons disponibles pour toute initiative constructive, au service d’un secteur privé fort, respecté et au cœur du développement économique du Sénégal. »
Une prise de parole rare, mais lourde de sens dans un contexte où la préférence nationale dans les marchés publics reste un sujet de débat brûlant.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 12/06/2025
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