L’arrestation de Farba Ngom, figure politique bien connue et ancien député, a fait couler beaucoup d’encre. Aujourd’hui, son maintien en détention malgré son état de santé présumé dégradé soulève des préoccupations. Pourtant, derrière l’indignation affichée par ses proches et ses avocats, se cache une réalité bien plus dérangeante : celle d’une élite politique prompte à se présenter comme victime dès que la justice commence à faire son travail.
Il est grand temps de dénoncer cette hypocrisie qui consiste à se dire mourant une fois derrière les barreaux, alors que l’on faisait preuve d’une étonnante vitalité pour piller les ressources publiques.
Depuis le 27 février, Farba Ngom est en détention dans le cadre d’une procédure judiciaire. Ses avocats évoquent des problèmes de santé importants, appuyés par des certificats médicaux. À deux reprises, ses visites ont été annulées, et seuls quelques proches triés sur le volet peuvent désormais le voir. Cette situation donne lieu à une levée de boucliers de la part de son entourage, qui dénonce une « injustice flagrante » et réclame une remise en liberté provisoire, rejetée jusqu’ici par les juridictions compétentes.
Mais que révèle vraiment cette affaire ? Avant d’être incarcéré, Farba Ngom faisait montre d’un dynamisme certain : homme influent du régime précédent, figure de l’APR, intermédiaire politique redouté, il ne semblait souffrir d’aucun mal pour assurer ses fonctions, intervenir dans les affaires de l’État ou user de son pouvoir. Aujourd’hui, à l’heure de rendre des comptes, ce même homme serait devenu si fragile qu’il ne pourrait supporter la détention ? Cette soudaine dégradation de la santé n’a rien d’exceptionnel dans le paysage politique sénégalais : c’est un classique de la stratégie d’évitement judiciaire.
On ne peut ignorer la répétition d’un scénario désormais bien rodé. Chaque fois qu’un homme politique est incarcéré pour des faits présumés de détournement de fonds publics ou d’enrichissement illicite, l’argument médical devient un bouclier. Ce fut le cas dans d’autres affaires, au Sénégal comme ailleurs, où des personnalités jadis tout à fait en forme deviennent subitement “mourantes” une fois entre les mains de la justice. En Afrique du Sud, Jacob Zuma a utilisé la carte médicale pour retarder sa condamnation. En France, Patrick Balkany a lui aussi invoqué des problèmes de santé pour tenter d’échapper à la prison.
Cette victimisation instrumentalisée est une insulte aux véritables malades, aux détenus sans influence qui subissent les dures conditions carcérales sans jamais se plaindre, ni bénéficier de soutien médiatique ou politique. Quand il s’agissait de profiter des avantages de la République, Farba Ngom était bien portant. Il n’était ni affaibli ni réduit à l’isolement.
Arrêter de confondre justice et compassion excessive pour les puissants. La loi doit s’appliquer à tous, sans distinction. Si la santé de Farba Ngom nécessite un suivi, que cela soit fait dans le respect des procédures, mais sans céder à la pression d’un entourage plus préoccupé par la sauvegarde de ses intérêts que par l’équité républicaine. L’heure n’est plus à la complaisance. Il faut que cesse cette tradition malsaine où les responsables deviennent subitement « très très malades » dès qu’il faut purger une peine. Le peuple mérite mieux que ces mises en scène grotesques.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Néné Badji.
Mis en ligne : 13/06/2025
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