L’histoire de Rama, comme tant d’autres, révèle un fléau qui ronge sournoisement notre société : la diffusion non consentie d’images intimes. Ce phénomène, souvent banalisé, broie des vies, détruit des foyers et pousse certaines victimes au bord du gouffre.
À travers le cas bouleversant de cette jeune femme sénégalaise, dénonçons avec vigueur l’impunité révoltante des influenceurs sénégalais basés à l’étranger, devenus les marchands de la honte moderne, ainsi que la passivité coupable des réseaux sociaux qui leur servent de terrain de chasse.
Depuis quelques années, le Sénégal est secoué par des affaires sordides de revenge porn et d’extorsion numérique. Derrière les écrans, des ex-partenaires rancuniers, des groupes WhatsApp clandestins, mais surtout, des influenceurs établis à l’étranger se font les relais d’une humiliation publique orchestrée, souvent contre rémunération. Ces cyberbourreaux se nourrissent du malheur d’autrui, transformant des drames humains en buzz médiatique. Pire encore : les plateformes numériques comme Facebook ou TikTok ferment les yeux, préférant protéger leur trafic plutôt que les victimes.
Le cas de Rama illustre cette mécanique infernale. Après avoir rompu avec un ex-compagnon jaloux, celle-ci a vu son intimité exposée à son insu. S’en est suivie une spirale de pertes : fausse couche, divorce, troubles psychologiques. Et malgré une condamnation judiciaire symbolique (deux ans dont un mois ferme), la douleur reste, intacte, permanente.
Plus grave encore, ces images, une fois diffusées, échappent au contrôle des victimes. La justice sénégalaise peine à suivre, et les moyens de lutte sont dérisoires face à l’ampleur du phénomène. La peur du jugement social, particulièrement vis-à-vis des femmes, dissuade souvent les victimes de porter plainte.
L’impunité des influenceurs à l’étranger : Ces individus, souvent installés en France, en Italie ou aux États-Unis, se croient à l’abri des lois sénégalaises. Ils jouent les juges moraux, diffament, propagent, monétisent… et disparaissent derrière l’écran. Leur popularité leur offre une légitimité toxique qu’aucune autorité ne semble vouloir enrayer.
La complicité tacite des réseaux sociaux : Facebook, Instagram, TikTok… Tous permettent à ces criminels numériques d’agir à leur guise. Les systèmes de signalement sont lents, inefficaces. Les contenus compromettants restent souvent en ligne pendant des heures, voire des jours. Un temps suffisant pour détruire une réputation à vie.
La banalisation de la souffrance : Derrière chaque “like”, chaque partage, chaque commentaire moqueur, il y a une victime qui s’effondre. Pensées suicidaires, isolement social, abandon des études, stigmatisation familiale : les dégâts sont réels, profonds, souvent irréparables.
En Europe, des pays comme la France ont instauré des peines fermes allant jusqu’à 5 ans de prison pour les auteurs de revenge porn, accompagnées de lourdes amendes. Au Sénégal, les rares condamnations sont souvent trop légères pour dissuader les récidives. Et pendant ce temps, les “influenceurs-charognards” continuent leur commerce nauséabond sans être inquiétés.
La justice doit frapper fort : traquer les influenceurs complices, coopérer avec les pays hôtes pour leur extradition, forcer les plateformes à retirer immédiatement tout contenu intime publié sans consentement, et surtout, protéger les victimes plutôt que de les juger.
Réclamons une justice forte, exemplaire. Ce combat n’est pas seulement juridique, il est éthique. Il est humain.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Clémence Diouf.
Mis en ligne : 13/06/2025
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