Dans une récente publication Facebook, Waly Diouf Bodiang, Directeur général du Port autonome de Dakar, s’est lancé dans une charge contre l’opposition sénégalaise, accusée de vouloir « créer une similitude » entre le régime actuel, mené par les anciens de Pastef, et l’ex-pouvoir de l’APR.
Selon lui, cette stratégie relèverait de la manipulation et d’une « usine de retraitement » où tout est transformé en dictature et en arrogance. Eh bien, Monsieur Bodiang, cette fois, on ne vous laissera pas détourner le regard du peuple par des effets d’annonce.
Depuis l’accession au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko, le gouvernement est sous le feu des projecteurs. Beaucoup de citoyens jadis mobilisés pour rompre avec les pratiques de l’APR observent avec attention les premiers pas de cette nouvelle gouvernance. Or, au lieu de répondre par des actes clairs, concrets et honnêtes, certains responsables, comme Waly Diouf Bodiang, préfèrent s’en prendre à l’opposition, lui attribuant une volonté de nuire et de « travestir les faits ». Quelle ironie, quand on sait que les Sénégalais attendent surtout des résultats, pas des jérémiades politiques sur Facebook.
Waly Diouf Bodiang feint l’étonnement face à une comparaison entre l’APR et le nouveau régime. Pourtant, ce qui gêne n’est pas la critique de l’opposition, mais bien la réalité : des nominations controversées, des lenteurs dans la mise en œuvre des réformes promises, des discours déconnectés des priorités sociales urgentes, et surtout, une communication politique qui commence déjà à sentir le mépris. L’homme du Port semble plus préoccupé par l’image que par l’action. Mais le peuple sénégalais ne se nourrit plus d’images ni de slogans. Il veut du concret.
D’abord, que l’on soit de l’APR, du Pastef ou d’un autre bord, les pratiques clientélistes, les promesses creuses et le mépris du citoyen ne passent plus. Ensuite, affirmer que critiquer le pouvoir équivaut à manipuler l’opinion revient à nier la capacité d’analyse du peuple. Quand une population se plaint d’une continuité dans la gouvernance, ce n’est pas une « perception » malintentionnée : c’est un constat. Enfin, l’obsession pour le contrôle du narratif au lieu de la résolution des problèmes urgents est un aveu d’échec. Gouverner, ce n’est pas gérer une page Facebook.
Regardons ailleurs. En Tunisie, au Ghana ou au Burkina Faso, les peuples ont eux aussi espéré un changement réel après des élections. Et que s’est-il passé ? Dès que les promesses se sont heurtées aux réalités du pouvoir, les gouvernants ont tenté de museler les critiques en les accusant de « manipulation » ou de « sabotage ». À chaque fois, cela a échoué. Car on ne gouverne pas durablement en méprisant l’intelligence populaire.
Monsieur Bodiang et consorts, respectez l’intelligence du peuple. Qu’on soit de l’APR hier ou de Pastef aujourd’hui, arrêtez de nous prendre pour des manipulables. Le peuple observe, réfléchit et juge sur les actes, pas sur les discours. Le changement ne se proclame pas, il se prouve. Vous avez été élus pour servir, pas pour pleurnicher. Alors, retroussez vos manches ou quittez la scène.
Peuple sénégalais, restons vigilants. Ne laissons pas les nouveaux puissants adopter les vieux réflexes des anciens. Interrogeons, dénonçons, exigeons. Le changement commence par nous.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Diagne.
Mis en ligne : 15/06/2025
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