Une nouvelle tragédie secoue le centre du Nigeria. Dans la nuit de vendredi à samedi, la localité de Yelewata, située dans la zone de gouvernement local de Guma, dans l’État de Benue, a été le théâtre d’une attaque meurtrière ayant causé la mort d’au moins 100 personnes, selon plusieurs sources locales. Une violence qui s’inscrit dans un cycle de conflits intercommunautaires persistants dans cette région surnommée la « Ceinture centrale » du Nigeria.
« C’est extrêmement grave, beaucoup de gens sont morts, peut-être plus d’une centaine, et de nombreuses maisons ont été incendiées », a déclaré Amineh Liapha Hir, un habitant de Yelewata, contacté par téléphone. Un autre témoin, Christian Msuega, a témoigné avoir échappé de justesse à l’attaque, mais a perdu sa sœur et son beau-frère, brûlés vifs dans l’incendie de leur maison. Il évoque lui aussi environ 100 morts.
Les faits ont été confirmés par les autorités locales, bien que les bilans varient. Tersoo Kula, porte-parole du gouverneur de l’État de Benue, a indiqué à l’AFP que « la mort de 45 personnes a été confirmée », tandis que la police locale, tout en reconnaissant l’attaque, n’a pas communiqué de chiffres officiels à ce stade.
Cette attaque s’inscrit dans une longue série de violences qui secouent régulièrement les États de Benue et du Plateau, deux régions où les affrontements entre éleveurs peuls, majoritairement musulmans, et agriculteurs sédentaires, principalement chrétiens, sont devenus quasi endémiques. Le conflit puise ses racines dans la concurrence pour l’accès à la terre et aux ressources naturelles, aggravée par le changement climatique et la pression démographique.
La rivalité dépasse le simple cadre économique. Elle est nourrie par une polarisation politique, ethnique et religieuse croissante. L’afflux d’extrémistes religieux, tant chrétiens que musulmans, alimente les tensions dans une région déjà profondément marquée par la méfiance entre communautés.
Le modèle pastoral traditionnel des éleveurs peuls, basé sur la transhumance, entre de plus en plus en conflit avec l’agriculture sédentaire, dans un contexte de raréfaction des terres. Ce phénomène s’est intensifié ces dernières années, provoquant des affrontements sanglants à répétition.
Malgré les alertes répétées des organisations locales et internationales sur l’urgence humanitaire et sécuritaire dans la région, les réponses de l’État nigérian peinent à contenir la spirale de la violence. L’attaque de Yelewata vient s’ajouter à une liste déjà longue de massacres non élucidés, laissant les communautés dans une profonde insécurité et un sentiment d’abandon.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 15/06/2025
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