Diomaye Faye à Saint-Louis : Une visite qui néglige l’essentiel - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Agriculture | Par Maimouna | Publié le 16/06/2025 01:06:40

Diomaye Faye à Saint-Louis : Une visite qui néglige l’essentiel

La récente tournée du président Bassirou Diomaye Faye dans le Pôle Nord du Sénégal a été saluée comme un pas décisif vers l’autosuffisance alimentaire et la modernisation économique. Si l’intérêt de ces projets agricoles et industriels n’est pas remis en cause, leur mise en avant soulève des interrogations quant à l’ordre des priorités nationales.

Pendant que le chef de l’État multiplie les visites sur les sites de production et vante les ambitions agricoles du pays, d’autres secteurs fondamentaux tels que la santé et l’éducation restent confrontés à des défis criants. Entre hôpitaux sous-équipés, écoles délabrées et services sociaux fragiles, cette tournée donne le sentiment d’un décalage entre l’agenda politique et les besoins immédiats des populations.

Du 12 au 13 juin, le président Diomaye Faye a visité plusieurs sites agricoles et industriels dans la vallée du fleuve Sénégal. De Ndiayène Pendao à Diama, il a vanté des projets structurants, soutenus par des partenaires internationaux, censés renforcer l’autosuffisance alimentaire, moderniser l’agriculture et dynamiser les économies locales. Cette visite s’inscrit dans la logique du plan Sénégal 2050, visant à transformer structurellement l’économie du pays.

Certes, promouvoir une agriculture performante et soutenir les champions industriels est une orientation légitime pour un État en quête de développement. Cependant, un choix politique n’est jamais neutre. Dans un pays où les hôpitaux croulent sous le poids des patients, où des élèves suivent les cours assis à même le sol, où l’accès à l’eau potable et à l’électricité reste un luxe dans certaines zones rurales, concentrer autant d’attention médiatique et politique sur des projets agricoles interroge.

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L’éclairage porté sur des initiatives comme la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) ou l’usine SAF Ingrédients, bien que prometteuses sur le plan économique, semble disproportionné au regard des drames quotidiens vécus dans les centres de santé ou les amphithéâtres surpeuplés. Ces projets créeront certes de l’emploi, mais combien de jeunes diplômés formés dans des systèmes éducatifs défaillants seront réellement prêts à y travailler ? Et quel est l’impact réel de cette dynamique industrielle si elle repose encore largement sur des investissements étrangers et des partenariats déséquilibrés ?

Priorités mal orientées : La santé et l’éducation sont les piliers d’un développement humain durable. Or, ces secteurs reçoivent peu d’attention présidentielle sur le terrain.

Surenchère de communication : Les discours officiels masquent la lenteur des réformes structurelles dans les domaines sociaux essentiels.

Inégalités territoriales : Mettre en avant certaines régions au détriment d’autres alimente un sentiment de marginalisation dans des zones oubliées.

Dépendance masquée : L’apparente souveraineté alimentaire repose encore sur des projets financés par des bailleurs étrangers (BADEA, KOICA…), ce qui fragilise la promesse d’autonomie.

Au Rwanda, Paul Kagame mise davantage sur la transformation du système éducatif, l’accès universel à la santé et la numérisation de l’administration, comme leviers de développement prioritaire. De même, au Ghana, les programmes de soins de santé communautaires ont été massivement renforcés avant même les projets agricoles. Ces modèles montrent qu’une croissance durable passe d’abord par l’investissement dans le capital humain.

La tournée présidentielle dans le Pôle Nord, bien que médiatiquement réussie, illustre une tendance à survaloriser certains axes économiques au détriment des urgences sociales. Le développement ne saurait être mesuré uniquement à l’aune d’usines flambant neuves ou de surfaces cultivées. Il se mesure aussi et surtout à la qualité des soins offerts aux mères, à l’éducation reçue par les enfants et à l’égalité d’accès aux services publics.

Recentrer les efforts nationaux sur les véritables priorités devient une nécessité. Une agriculture performante, oui, mais pas au prix d’une santé publique à l’agonie et d’un système éducatif à bout de souffle. Gouverner, c’est aussi faire des choix courageux et équilibrés.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Khalifa Ndiaye.
Mis en ligne : 16/06/202
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