L’annonce officielle de la participation du Président Bassirou Diomaye Faye au sommet de la CEDEAO, prévu le 22 juin 2025 à Abuja, illustre une fois de plus l’importance que la diplomatie régionale occupe dans l’agenda sénégalais. Ce rendez-vous de haut niveau, regroupant les dirigeants ouest-africains, doit permettre d’aborder des enjeux cruciaux liés à la stabilité, à la coopération économique et à l’unité régionale.
Pourtant, derrière cette posture internationale valorisante, il est légitime de s’interroger : l’engagement constant du président dans ces sommets constitue-t-il un réel avantage pour le Sénégal ou, au contraire, un obstacle à une gouvernance efficace sur le terrain ? L’absence répétée du président affaiblit la gestion interne et fragilise la confiance des citoyens en leurs dirigeants.
Dans un monde globalisé, un chef d’État ne peut faire l’économie d’une présence diplomatique active. La participation à la CEDEAO et autres instances régionales est essentielle pour défendre les intérêts du Sénégal, consolider des partenariats économiques, et peser sur les questions sécuritaires qui touchent la sous-région. Le président Bassirou Diomaye Faye, depuis son accession à la magistrature suprême, revendique cette orientation, affirmant son attachement à l’intégration ouest-africaine. Pourtant, cette stratégie, si elle n’est pas équilibrée, peut se retourner contre lui.
Le président Bassirou Diomaye Faye semble passer plus de temps à l’étranger qu’à s’occuper des urgences du pays. Alors que les infrastructures se dégradent, que le chômage des jeunes ne cesse de croître, que la sécurité reste précaire dans plusieurs régions, le peuple observe une silhouette présidentielle souvent absente. Cette déconnexion entre discours diplomatique et réalité nationale creuse le fossé entre dirigeants et dirigés. La multiplication des voyages officiels donne l’impression d’un chef d’État déchargé de ses responsabilités quotidiennes, laissant un vide inquiétant dans la gouvernance locale.
Ce décalage ne se limite pas au Sénégal. Des pays comme le Zimbabwe sous Robert Mugabe ou même la France sous certains mandats présidentiels ont connu des périodes où une présence internationale excessive a contribué à une crise de légitimité. La question n’est pas de rejeter la diplomatie, mais d’exiger un équilibre où la souveraineté intérieure n’est pas sacrifiée sur l’autel des apparences internationales.
Premièrement, l’absence du président freine la prise de décisions rapides et adaptées aux besoins du pays. Un chef d’État doit être le moteur des politiques publiques et l’exemple de proximité avec les citoyens.
Deuxièmement, ce décalage nuit à la cohésion sociale et politique. Une population qui perçoit son président comme distant peut basculer vers la défiance, alimentant mécontentements et contestations.
Troisièmement, les dépenses liées à ces déplacements sont souvent exorbitantes, alors que les ressources du pays devraient prioritairement être investies dans la santé, l’éducation, et l’emploi.
Enfin, sur le plan international, cette diplomatie « d’apparat » ne garantit pas automatiquement des résultats tangibles pour le Sénégal. La vraie diplomatie est celle qui produit des accords profitables et durables, pas celle qui se limite à une présence symbolique.
Le Président Bassirou Diomaye Faye doit impérativement revoir sa stratégie. Il doit redonner priorité à la gestion interne du Sénégal, à la satisfaction des besoins immédiats de sa population. Oui à la diplomatie, non à l’excès. La grandeur d’un chef d’État se mesure aussi à sa capacité à être proche de son peuple, à comprendre ses préoccupations et à agir sur le terrain.
Sans un réel équilibre entre engagement international et présence locale, le risque est grand de voir s’installer une crise de confiance irréversible. Le Sénégal mérite un président qui gouverne au quotidien, pas seulement lors des sommets internationaux.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Franck Bara.
Mis en ligne : 18/06/2025
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