Le fait divers relayé par L’Observateur est glaçant : à Guédiawaye, une rivalité entre jeunes a débouché sur un meurtre. Mourtalla Fall, 21 ans, a poignardé mortellement Ibrahima Mbaye au terme d’une série d’altercations, avant de se rendre à la police rongé par le remords. Ce drame, loin d’être un cas isolé, révèle une réalité brutale : notre jeunesse sombre dans une spirale de violence, sans encadrement, sans repères, livrée à elle-même. Ce crime est le symptôme d’un échec collectif.
Guédiawaye n’est pas un cas à part. Partout dans les banlieues sénégalaises, des jeunes, souvent déscolarisés ou précarisés, trouvent dans la violence une forme d’expression, voire d’ascension sociale. Ce phénomène est alimenté par la banalisation des armes blanches, l’oisiveté, le chômage de masse, et surtout, par l’absence criante d’un encadrement éducatif et moral. L’affaire Fall-Mbaye n’est qu’un miroir brisé de cette réalité.
Selon les faits, tout commence par une humiliation : une bagarre où Mourtalla est blessé et rabaissé devant ses pairs. Humiliation, vengeance, représailles : c’est une chaîne que rien ni personne n’a su briser. Ni les familles, ni les amis, ni même le tissu communautaire n’ont pu empêcher le pire. Pire encore, ce sont des jeunes eux-mêmes anciens délinquants comme Daouda Mbengue qui gravitent autour du drame. Cela montre à quel point le terreau est miné.
Mais ce n’est pas simplement une affaire de « jeunes en colère ». C’est une faillite sociale. Pourquoi un garçon de 21 ans pense-t-il qu’un couteau est une nécessité pour aller à une cérémonie religieuse ? Pourquoi les conflits se règlent-ils par le sang ? Où sont passés les médiateurs sociaux, les encadreurs, les éducateurs ? Que fait l’État ?
Échec de l’éducation citoyenne : L’école, quand elle est accessible, ne suffit pas à former des individus aptes à résoudre pacifiquement leurs conflits. Il manque une éducation civique et morale adaptée aux réalités des jeunes.
Abandon institutionnel : Les pouvoirs publics semblent absents des quartiers populaires. Aucune politique sérieuse de prévention de la violence n’a été mise en œuvre à Guédiawaye ou ailleurs.
Environnement toxique : Les quartiers sont devenus des zones de non-droit où drogue, armes et règlements de comptes font désormais partie du quotidien. Les figures de réussite sont souvent des délinquants « reconvertis » en modèles de survie.
Des États comme le Rwanda ou le Ghana ont mis en place des programmes efficaces de réinsertion des jeunes à risque : formation professionnelle, encadrement psychologique, activités sportives et artistiques. Résultat ? La baisse mesurable de la violence juvénile. Pendant ce temps, au Sénégal, on regarde les flammes sans même chercher à les éteindre.
L’histoire de Mourtalla Fall et Ibrahima Mbaye est une tragédie, mais elle aurait pu être évitée. Elle révèle l’état d’abandon d’une partie de notre jeunesse, prête à tuer ou à mourir pour une histoire de « respect ». Le Sénégal ne peut pas continuer à détourner le regard. Il est urgent de briser le cycle de la violence, en investissant dans l’éducation, la prévention et l’encadrement des jeunes.
Il faut refuser l’indifférence. Parents, enseignants, leaders religieux, politiques : agissez maintenant. Refusons que nos jeunes s’entretuent pour des querelles stériles. Exigeons des politiques publiques audacieuses, exigeons un futur où la violence ne sera plus un langage.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : David Tendeng.
Mis en ligne : 18/06/2025
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