L’affaire du marché d’armement de 45,3 milliards de francs CFA, impliquant la société Lavie Commercial Brokers-SUARL et le ministère de l’Environnement, a ressurgi sous le feu des projecteurs. La Division des investigations criminelles (DIC), saisie par le Parquet financier, mène l’enquête. Les soupçons sont graves : détournement de fonds publics, blanchiment d’argent, pots-de-vin. Mais à quoi bon ? Cette nouvelle enquête ressemble à une distraction de plus dans un pays où l’impunité est la norme. Les Sénégalais sont fatigués.
L’affaire remonte à décembre 2021, sous le régime de Macky Sall, avec l’attribution d’un marché public colossal à une société nouvellement créée, Lavie Commercial Brokers-SUARL. Ce contrat, portant sur des équipements militaires, aurait servi à couvrir des circuits financiers douteux impliquant des intermédiaires étrangers bien connus dans le monde de l’armement. Les faits sont accablants : virements suspects, retraits massifs, justifications bidon. Pourtant, malgré la gravité des faits, le scepticisme est généralisé. Car tout le monde le sait : ce genre d’affaires n’aboutit jamais.
Pourquoi tant de bruit autour de cette affaire ? Parce que les faits sont graves ? Peut-être. Mais surtout parce que l’appareil judiciaire cherche à faire croire à un changement. Or, cette affaire ressemble trop à celles qu’on a déjà vues et oubliées. Des marchés publics truqués, des sociétés écrans, des comptes bancaires qui débordent de retraits en espèces… Et toujours la même finalité : voler les deniers publics, en toute tranquillité.
L’élément le plus frappant ici, c’est l’implication d’Aboubacar Hima, alias « Petit Boubé », un courtier nigérien déjà impliqué dans d’autres scandales d’armement en Afrique. Que faisait-il dans un contrat signé par le ministère sénégalais ? Et pourquoi une avance de 34 milliards lui a-t-elle été versée avant même l’exécution du marché ? Tout cela sent la magouille à plein nez.
Répétition du même schéma : comme dans tant d’affaires passées (PETROTIM, PRODAC…), l’État confie des milliards à des entités obscures, sans contrôle sérieux.
Justice sélective : dans ce pays, on n’arrête que les lampistes. Les hauts responsables restent intouchables. Où sont les ministres qui ont signé ? Les ordonnateurs de paiement ?
Fatigue collective : les Sénégalais n’y croient plus. Ces enquêtes arrivent toujours après coup, sans suite judiciaire solide, sans condamnation ferme.
Un système pourri de l’intérieur : dans un pays où la corruption est enracinée dans l’administration, parler de transparence est un leurre. L’État se transforme en un cartel d’intérêts mafieux.
Le Sénégal n’est pas seul à vivre ce genre de dérives. Le Nigeria a connu des scandales similaires, notamment dans le domaine militaire avec Dasukigate. La seule différence ? Là-bas aussi, la justice a échoué. Mais au moins, certains ont été emprisonnés. Ici, on se contente d’ouvrir des dossiers pour calmer l’opinion. Et demain, tout sera oublié.
Encore une affaire, encore une enquête, encore un silence à venir. On ne peut pas lutter contre la corruption quand elle est l’ADN même du système. On ne peut pas poursuivre des voleurs quand les procureurs, les ministres et les conseillers sont tous mouillés.
Que les Sénégalais se lèvent et réclament une refondation totale de nos institutions. Pas de commissions d’enquête bidon. Un vrai nettoyage, une vraie rupture. Parce que oui, yen a marre.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Saliou Dione.
Mis en ligne : 21/06/2025
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