Quand l’impunité policière tue encore : Affaire Mor Seck - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Maimouna | Publié le 26/06/2025 02:06:00

Quand l’impunité policière tue encore : Affaire Mor Seck

L’autopsie de Mor Seck, 28 ans, décédé le 11 juin, révèle une péritonite aiguë, des reins de choc et un hématome au cuir chevelu, des marques compatibles avec un passage à tabac. Cette mort n’est pas une « bavure » isolée, mais l’illustration d’une violence policière systémique nourrie par l’impunité.

Le 23 mai, des agents en civil l’embarquent sans mandat, le menottent, puis le relâchent à 2 h du matin, exsangue. La police nie pourtant toute arrestation et l’enquête échoue à la DIC, où tant de dossiers se perdent. Depuis 2021, plus d’une vingtaine de Sénégalais ont succombé à des interventions semblables.

En juillet 2022, François Mancabou mourait après une garde à vue, vidéos sous scellés et aucune mise en examen. La même année, le taximan Idrissa Goudiaby est abattu d’une balle au cou à Ziguinchor, dossier toujours en errance. Amnesty International a recensé plus de trente plaintes pour torture en 2023, sans condamnation ferme.

L’Inspection générale, théoriquement garante de l’éthique, ne publie ni rapports ni statistiques. Cette opacité viole les recommandations du Comité de l’ONU contre la torture, qui exige des enquêtes rapides et indépendantes. Le schéma se répète : arrestation arbitraire, violences hors caméra, silence hiérarchique, procédure diluée. Lorsque la police se juge elle-même, la brutalité devient routine.

En France, les violences des Gilets jaunes ont imposé matricules visibles et caméras-piétons : preuve qu’un contrôle public freine la dérive. Au Nigeria, l’impunité de la SARS a déclenché #EndSARS ; quatre ans plus tard, la plupart des agents incriminés sont toujours en service. Aux États-Unis, l’affaire George Floyd a poussé trente États à limiter les techniques létales, mais la réforme fédérale demeure bloquée. Même diagnostic : sans volonté politique, l’horreur se répète.

Aucune mission policière ne justifie la torture. Quand la médecine contredit la police, c’est l’État qui vacille. Sanctionner un coupable dissuade cent imitateurs ; laisser faire encourage la récidive. L’injustice pousse la rue à se faire justice, engrainant la violence. Couvrir ses forces ternit la réputation démocratique du pays et refroidit investisseurs et partenaires.

Les policiers doivent rompre le silence et les députés à imposer l’enregistrement continu des interpellations, avec sanctions automatiques pour tout décès en détention. Mor Seck ne doit pas être une statistique de plus : nous exigeons suspension des agents du 23 mai, publication des vidéos, commission d’enquête indépendante et loi criminalisant la torture avec présomption irréfragable. Faute de mesures fortes, la confiance citoyenne se brisera encore un peu plus et la contestation finira par occuper la rue jusqu’à ce que justice soit rendue.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Babacar Wade.
Mis en ligne : 26/06/202
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Youmé
Paix a son ame
Le 2025-06-26 15:48:32

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