Depuis février 2025, la République Démocratique du Congo (RDC), premier producteur mondial de cobalt, a suspendu les exportations du cobalt congolais dans l’espoir de faire remonter les prix sur les marchés mondiaux. Cette mesure, reconduite en juin pour trois mois supplémentaires, vise à créer artificiellement une rareté. Si cette politique semble avoir produit des effets limités à court terme, elle s’apparente surtout à une stratégie brouillonne et risquée qui nuit à la crédibilité économique de Kinshasa.
En tant que pays fournissant près de 75 % du cobalt mondial, la RDC dispose d’un levier important. Pourtant, la manière dont elle tente d’utiliser ce levier interroge. L’arrêt des exportations du cobalt congolais a provoqué une hausse momentanée des prix en février, suivie d’une stabilisation dès la mi-mars. Cette réaction modérée des marchés montre que la politique congolais manque de clarté, d’efficacité et surtout, de vision à long terme.
La décision de suspendre les exportations du cobalt congolais n’a pas été accompagnée d’une communication transparente sur les objectifs précis : quel prix serait jugé acceptable ? Quelles sont les conditions pour une reprise des exportations ? Cette absence de cap introduit de l’incertitude et refroidit les investisseurs étrangers, pourtant cruciaux pour le développement du secteur minier.
Pire encore, cette interdiction partielle semble inefficace dans son application. Selon les douanes chinoises, 51 000 tonnes de cobalt congolais ont tout de même été expédiées vers la Chine en mars, malgré la suspension officielle des exportations du cobalt congolais. Ce contournement révèle une faille dans le contrôle étatique et affaiblit encore la position de Kinshasa sur la scène internationale.
Comparée à d’autres nations exportatrices de matières premières, comme les membres de l’OPEP dans le secteur pétrolier, la RDC agit sans coordination ni stratégie collective. L’improvisation autour des exportations du cobalt congolais contraste avec les efforts de gouvernance coopérative observés ailleurs, ce qui isole davantage le pays dans un marché mondial compétitif.
Les stocks de cobalt continuent par ailleurs de s’accumuler à l’intérieur du pays, notamment à cause de la montée en puissance de la mine de Kisanfu. Selon certaines estimations, près de 70 000 tonnes seraient actuellement bloquées. À terme, ces stocks devront être écoulés, ce qui risque de provoquer un effondrement brutal des prix lorsque les exportations du cobalt congolais reprendront.
La suspension des exportations du cobalt congolais, menée sans transparence ni contrôle rigoureux, reflète une gestion instable des ressources stratégiques de la RDC. Au lieu de renforcer son poids sur le marché mondial, Kinshasa affaiblit la confiance des acteurs économiques.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Doyen Ndiaye.
Mis en ligne : 29/06/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
