On est tous complices : Violences conjugales au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 05/07/2025 05:07:45

On est tous complices : Violences conjugales au Sénégal

Le drame que vit Bousso, rapporté par l’un de nos confrères, est un cri d’alarme que nous ne pouvons plus ignorer. Mariée en septembre dernier, cette jeune femme subit depuis le début de son union un véritable calvaire : violences physiques, pression financière, isolement, manipulation psychologique, et jusqu’au recours au maraboutage pour asseoir une emprise totale.

Ce témoignage ne laisse aucune place au doute : Bousso est une victime, mais elle n’est pas seule. Ce sont des milliers de femmes qui, chaque jour, subissent en silence la brutalité de conjoints tyranniques, tandis que leur entourage, leurs voisins, leurs institutions gardent le silence, volontaire ou non. Et c’est bien là le cœur du problème.

Les violences conjugales au Sénégal ne tombent pas du ciel. Elles naissent, croissent et se nourrissent d’un terreau fertile : celui de l’indifférence collective. Le cas de Bousso est révélateur de cette complicité silencieuse. Comment expliquer que personne n’ait sonné l’alerte plus tôt, malgré les coups, les changements visibles dans son comportement, sa perte de vitalité, ses tentatives de suicide ? Pourquoi faut-il attendre que le seuil de l’irréparable soit franchi pour que les langues se délient ?

Notre société a longtemps été éduquée à ne pas « se mêler des affaires de couple ». Derrière cette maxime, on tolère l’intolérable. On ferme les yeux. On banalise. Ce silence, qu’il vienne des proches, des voisins ou même des institutions censées protéger, est une forme de complicité. En ne dénonçant pas, en n’intervenant pas, on permet aux bourreaux d’agir en toute impunité.

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L’histoire de Bousso est aussi celle de femmes réduites au silence par la peur, la honte ou l’isolement psychologique. Elle est interdite de travailler, privée de ses liens sociaux, dépouillée de ses biens. Même les croyances spirituelles sont détournées pour asservir et dominer. L’épuisement de Bousso est total, et le fait qu’elle ait dû vendre ses biens pour subvenir aux caprices de son mari, pendant que celui-ci multipliait les coups et les interdictions, est d’une violence inouïe.

Et pourtant, ce n’est pas un cas isolé. Au Maroc, en France, au Cameroun ou au Sénégal, les violences conjugales tuent, brisent, détruisent. Partout, la même mécanique : la peur, le silence, la normalisation. Dans certains contextes, des campagnes publiques, des lignes d’écoute, des dispositifs d’alerte dans les pharmacies ou chez les coiffeurs ont été mis en place pour détecter les signes avant qu’il ne soit trop tard. Et chez nous ? Trop souvent, la parole est étouffée, et les victimes sont renvoyées à leur « devoir conjugal », priées de supporter « pour sauver le mariage ».

Ce système de silence doit cesser. Ne rien faire, c’est cautionner. Il faut que les voisins, amis, collègues, familles prennent leurs responsabilités. Les institutions doivent réagir plus vite, plus fort, plus humainement.

Car Bousso aurait pu mourir. Et si demain, une autre y laisse sa vie, pourrons-nous encore dire que nous ne savions pas ? Assez de silences. Assez de complicité. Agissons.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Diarra B
Mis en ligne : 06/07/2025

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