Une jeune femme « vendue » à Kédougou : Le Sénégal doit réagir - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Emmanuel | Publié le 05/07/2025 10:07:30

Une jeune femme « vendue » à Kédougou : Le Sénégal doit réagir

Le journal Libération a récemment révélé un cas glaçant survenu à Kédougou : une Nigériane de 23 ans, exploitée sexuellement après avoir été « achetée » pour 500 000 F CFA, a réussi à fuir avant de dénoncer un réseau transfrontalier de traite humaine. Ce fait, loin d’être isolé, illustre une dérive inquiétante. Cet événement tragique est le symptôme d’un laxisme grave en matière de contrôle aux frontières, qu’il devient urgent de corriger.

Kédougou, située aux confins sud-est du Sénégal, à la frontière avec le Mali et la Guinée, est devenue un point de passage stratégique pour des réseaux de trafiquants. Ces zones frontalières, souvent peu surveillées, offrent un terrain propice aux pratiques criminelles, notamment la traite des êtres humains. Cette réalité est d’autant plus préoccupante que, selon Libération, il s’agit du troisième cas recensé en quelques mois. Le Sénégal, longtemps perçu comme un havre de stabilité en Afrique de l’Ouest, voit son image ternie par l’inaction face à un phénomène pourtant bien connu.

L’affaire de R. Raji révèle l’existence d’un système bien organisé. Des réseaux opérant depuis le Nigeria et le Bénin exploitent les failles des dispositifs migratoires sénégalais. À l’origine : des faux papiers, des complicités multiples et une capacité inquiétante à contourner les contrôles. Ce n’est pas un incident isolé, mais le fruit d’un laisser-aller devenu structurel. Accepter que des individus franchissent nos frontières avec des intentions criminelles sans être inquiétés revient à tolérer l’inacceptable. Se contenter d’évoquer des « réseaux transnationaux » ne suffit plus.

Premièrement, l’absence de contrôle rigoureux aux frontières permet à ces réseaux de prospérer. Comment expliquer que des victimes traversent plusieurs pays, accompagnées de leurs bourreaux, sans être identifiées ? Deuxièmement, le manque de coopération sous-régionale efficace sur les questions de migration et de sécurité laisse les pays exposés à de telles infiltrations. Enfin, les autorités locales, souvent mal formées ou sous-équipées, sont dépassées face à des organisations criminelles mieux structurées.

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Dans d’autres pays, comme le Maroc ou la Tunisie, des systèmes biométriques et des bases de données croisées sont progressivement déployés pour traquer les fausses identités et filtrer les entrées. En Europe, même les ONG critiques des politiques migratoires reconnaissent la nécessité de réguler les flux pour prévenir la traite et l’exploitation. Le Sénégal ne peut rester passif sur ces enjeux.

Le drame de Kédougou est le résultat d’un système poreux, où l’entrée et la sortie de personnes potentiellement dangereuses s’opèrent sans vérification sérieuse. L’instauration de cartes de séjour et d’un registre biométrique fiable ne relève plus d’un choix mais d’une exigence nationale. Un cadre rigoureux devient nécessaire pour prévenir de nouvelles tragédies et limiter les dérives criminelles.

Ce qui s’est passé à Kédougou dépasse le simple fait divers. Une jeune femme a été « vendue », exploitée, humiliée. Et cela s’est produit au Sénégal, sous l’œil d’un système défaillant. Ce drame agit comme une alerte. Le pays doit réagir, poser des limites claires, et adopter des dispositifs fermes face aux réseaux de traite. Fermer les yeux revient à cautionner l’inhumanité.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 05/07/202
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