Le 2 juillet 2025, lors des 6èmes journées scientifiques de l’Hôpital Général Idrissa Pouye (HOGIP), la directrice des établissements de santé, Dr Fatou Mbaye Sylla, a annoncé que l’État sénégalais travaille à une stratégie de prise en charge pour les patients éligibles à une greffe de rein. Une annonce qui, derrière les bonnes intentions affichées, illustre une réalité dérangeante : la transplantation rénale au Sénégal reste un traitement de luxe réservé à une minorité.
La question n’est pas de savoir si la transplantation est nécessaire elle l’est. Le problème, c’est qu’elle est aujourd’hui inabordable pour le citoyen moyen. Le coût évoqué par le ministère est de 16 millions de francs CFA. C’est là tout le paradoxe : la transplantation rénale au Sénégal est une priorité affichée dans les discours, mais une illusion dans les faits.
Dr Fatou Mbaye Sylla reconnaît elle-même que « le Sénégalais lambda ne peut pas débourser une telle somme ». Alors, pourquoi parle-t-on de « souveraineté sanitaire » si un traitement vital comme la transplantation rénale au Sénégal est inaccessible à plus de 90 % de la population ? En réalité, la souveraineté ne se décrète pas : elle se prouve par l’action, par la mise à disposition d’une offre de soins adaptée, équitable et effective.
Aujourd’hui, les patients souffrant d’insuffisance rénale sont contraints à la dialyse, un traitement palliatif coûteux, contraignant, et surtout incapable d’offrir une qualité de vie durable. Pendant ce temps, la transplantation rénale au Sénégal reste cantonnée à quelques établissements privés ou à des évacuations sanitaires hors de portée.
La Couverture Maladie Universelle (CMU), censée garantir l’accès aux soins pour tous, ne couvre ni les greffes, ni les préparations spécifiques, ni les médicaments post-opératoires. Ce vide laisse les malades sans alternative. La transplantation rénale au Sénégal devient ainsi un révélateur des limites de notre modèle de santé publique.
Pendant ce temps, d’autres pays africains comme le Maroc ou l’Égypte ont fait de la greffe rénale un axe structurant de leur politique sanitaire. Pourquoi le Sénégal, pourtant capable de mobiliser des ressources pour des projets d’envergure, tarde-t-il à faire de même ? L’État préfère-t-il multiplier les panels que d’investir dans des unités hospitalières spécialisées ?
Réfléchir, dialoguer, organiser des journées scientifiques ne suffisent plus. Le gouvernement doit annoncer un plan opérationnel pour la transplantation rénale au Sénégal, avec un financement dédié, une prise en charge partielle ou totale via la CMU, et des infrastructures mises aux normes. La santé publique ne peut pas attendre des années d’ajustement stratégique.
La transplantation rénale au Sénégal ne doit pas rester un projet en suspens ou une formule ministérielle. Elle doit devenir une réalité pour chaque malade, quels que soient ses moyens. À défaut, la «souveraineté sanitaire» restera un slogan vide, et la promesse d’un État protecteur, une trahison silencieuse.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Philippe Dacosta.
Mis en ligne : 06/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.