Un business florissant : Falsification de documents administratifs - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 08/07/2025 02:07:15

Un business florissant : Falsification de documents administratifs

Le 4 juillet 2025, la brigade de recherches de Dakar annonçait le démantèlement d’un vaste réseau spécialisé dans la falsification de documents administratifs. L’opération, saluée pour sa précision, a permis l’arrestation d’un individu pris en flagrant délit ainsi que la saisie d’un important arsenal de faux documents.

Si ce coup de filet est à saluer, il révèle aussi, à notre sens, un problème beaucoup plus profond, inquiétant, et malheureusement enraciné : la falsification de documents administratifs est en train de devenir une véritable industrie parallèle, lucrative, et dangereuse pour l’intégrité nationale. Il ne s’agit plus d’actes isolés, mais d’un système bien rodé, alimenté par des complicités, des financements étrangers et des défaillances internes.

La fraude documentaire n’est pas une nouveauté au Sénégal. Mais l’ampleur du matériel saisi dans ce cas, sept faux passeports, un visa Schengen contrefait, des permis de conduire, une licence de football, et même un cachet du ministère de l’Équipement, indique que nous faisons face à une industrialisation du phénomène. Loin d’être l’œuvre d’un petit faussaire de quartier, il s’agit d’un atelier clandestin bien structuré, probablement intégré dans un réseau aux ramifications multiples.

Ce qui choque particulièrement ici, c’est le professionnalisme du dispositif. Ce niveau d’organisation suggère une demande régulière et bien rémunérée. En effet, selon plusieurs rapports sur les réseaux de migration irrégulière, des individus issus de pays voisins ou d’autres régions du continent seraient prêts à payer des sommes colossales pour obtenir des papiers sénégalais. La raison ? Le passeport sénégalais offre un accès relativement plus souple à certaines destinations, dont l’espace CEDEAO ou encore, par le biais de visas falsifiés, l’Europe.

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En ce sens, le Sénégal est devenu un guichet noir, où l’identité peut s’acheter à prix d’or. Cela transforme la falsification en une économie parallèle où la fraude devient plus rentable que l’effort honnête. Cela crée une spirale dangereuse : les faussaires se professionnalisent, les clients se multiplient, et les risques pour la sécurité nationale explosent.

Des pays comme le Nigeria ou le Maroc ont eux aussi connu des réseaux similaires. Mais la différence notable, c’est le niveau de la réponse étatique. Là où certains gouvernements investissent massivement dans la numérisation et la traçabilité, le Sénégal reste vulnérable à cause de la lenteur des réformes, du manque de contrôle interne et, parfois, de complicités en haut lieu. Qui fournit les talons vierges ou les laminas censés être réservés aux services officiels ? Comment de faux cachets peuvent-ils être fabriqués avec tant de précision ? Ces questions doivent être posées sans détour.

Tant que cette industrie de l’ombre prospérera, c’est la crédibilité de l’État qui sera mise en péril. Elle affecte la sécurité intérieure, encourage l’immigration illégale, ternit la réputation internationale du pays, et alimente d’autres trafics (drogue, traite humaine, terrorisme). Plus grave encore, elle érode la confiance du citoyen dans l’administration et dans les valeurs républicaines.

Il faut agir avec fermeté. Au-delà de féliciter les forces de l’ordre, l’État doit s’engager dans une politique de tolérance zéro. Cela passe par la traque systématique des réseaux, l’assainissement des services publics, la numérisation des documents officiels et des sanctions exemplaires. La population aussi a un rôle à jouer : signaler, dénoncer, et refuser de participer à ce marché noir de l’identité.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Khadim Diouf.
Mis en ligne : 08/07/2025

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Salamata
kou meun dé outeul passeport ak permis sinon dingagne dieul sen numéro registre yi
Le 2025-07-08 16:41:57

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