Le personnel médical à bout de souffle : Crise sanitaire au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Santé | Par Maimouna | Publié le 15/07/2025 03:07:30

Le personnel médical à bout de souffle : Crise sanitaire au Sénégal

L’alerte lancée par le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Sy, concernant la hausse inquiétante des décès nocturnes dans les hôpitaux publics, ne doit pas rester lettre morte. Mais c’est surtout le témoignage accablant de la Dr Aminata Diop, médecin de garde dans un établissement pourtant classé de niveau 3, qui met en lumière l’ampleur de la crise sanitaire au Sénégal. Ce récit poignant révèle un système à bout de souffle, incapable d’assurer les soins de base, même en situation d’urgence vitale. Face à cette réalité alarmante, il devient difficile de ne pas dénoncer la gestion actuelle, qui mène à l’abandon du personnel médical et à des pertes humaines pourtant évitables.

Depuis plusieurs années, le système hospitalier public sénégalais souffre d’une chronicité dramatique : infrastructures vieillissantes, pénuries récurrentes de matériel et de médicaments, et surtout, un sous-effectif qui pèse sur les épaules des médecins et infirmiers.

La situation décrite par la Dr Diop, médecin seul en pleine nuit, responsable de dizaines de patients et forcé de suppléer aux carences du système par des démarches désespérées, est symptomatique d’un désengagement des autorités. Ce ne sont pas simplement des dysfonctionnements mineurs ; c’est une défaillance institutionnelle qui met en danger des vies humaines au quotidien.

L’histoire de cette femme de 40 ans, victime d’un pneumothorax compressif et d’une acidocétose diabétique, illustre ces lacunes. Ces urgences vitales nécessitent une intervention immédiate, pourtant les moyens indispensables étaient absents. Que dire du fait que la pharmacie hospitalière ne pouvait accepter de paiement via Wave, alors que le fils avait l’argent dans son téléphone ? Que dire du recours final à un caissier d’un fast-food universitaire pour débloquer une situation critique ? Ce basculement entre urgence vitale et quête désespérée de médicaments illustre une dérive inacceptable, où la souffrance et le sort des patients dépendent plus de la chance et de la débrouillardise que d’un service public efficace.

L’abandon du personnel médical est aujourd’hui l’un des visages les plus criants de la crise sanitaire au Sénégal. Confrontés à des conditions de travail inhumaines, à des charges écrasantes et à une solitude insoutenable, ces professionnels se retrouvent à assumer des rôles qui ne devraient jamais leur incomber : banquiers, logisticiens, voire mendiants de médicaments. Leur capacité à sauver des vies est gravement compromise par le manque de soutien et de ressources. Pourtant, le personnel de santé constitue le pilier essentiel de notre système sanitaire. Fermer les yeux sur leurs souffrances et ignorer leurs cris d’alerte, c’est condamner des milliers de patients à une prise en charge défaillante, parfois fatale.

Une comparaison avec d’autres pays de la région montre que des solutions existent. Le Rwanda, par exemple, a investi massivement dans la formation et l’équipement de ses hôpitaux, améliorant considérablement la qualité des soins d’urgence. L’Éthiopie, malgré ses contraintes, a renforcé ses centres de santé de premier niveau et instauré des mécanismes d’approvisionnement fiables. Ces exemples illustrent que l’absence de moyens au Sénégal n’est pas une fatalité, mais le résultat d’un choix politique et financier qui sacrifie la santé publique au nom d’économies de bouts de chandelle.

Il faut que les autorités sénégalaises prennent la mesure du désastre et agissent avec détermination. Recruter les médecins au chômage, assurer un approvisionnement constant et efficace des urgences, augmenter les budgets hospitaliers, et surtout, écouter les soignants sur le terrain sont des mesures urgentes, non négociables. La santé ne peut être un luxe, et le personnel médical ne peut être laissé livré à lui-même, au bord de l’épuisement et de la désillusion.

Le témoignage de la Dr Aminata Diop est un cri d’alarme que nous ne pouvons plus ignorer. Le système de santé public est à bout de souffle, non pas faute de volonté des soignants, mais par abandon des pouvoirs publics. Tant que cet état de fait perdurera, les hôpitaux resteront des mouroirs à budget serré, et les drames comme celui vécu par cette patiente se multiplieront. Il faut agir, rapidement et concrètement, avant que la perte de vies humaines ne devienne irréversible. Le personnel médical mérite un soutien sans faille, et le peuple sénégalais mérite un système de santé digne de ce nom. Le temps des discours est révolu.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Fatima Kane.
Mis en ligne : 15/07/2025

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Tiadiane
niom tmt nékhounio diapalé dara au lieu niou liguey daniouy nékk fofou
Le 2025-07-15 16:52:03

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