Standard & Poor’s vient de frapper un nouveau coup dur à l’économie sénégalaise. Pour la deuxième fois consécutive, l’agence de notation a abaissé la note souveraine du pays à B-, assortie d’une perspective négative. Cette décision découle directement d’une dégradation alarmante des finances publiques. Au-delà de la technicité financière, cette note est un signal d’alerte qui souligne, sans ambiguïté, l’incompétence criante et la gestion opaque du gouvernement en place.
Depuis plusieurs années, le Sénégal s’est engagé dans une trajectoire d’endettement massif, justifié par de grands projets d’infrastructure et l’ambition affichée d’émergence économique. Mais derrière le vernis des promesses, la réalité s’avère bien plus préoccupante. L’audit récent de Mazars a levé le voile sur une dette publique réévaluée à hauteur de 118 % du PIB pour 2024, soit 13 milliards de dollars de plus que les estimations précédentes. Un chiffre qui place le Sénégal parmi les plus mauvais élèves de sa catégorie économique.
L’abaissement de la note par S&P n’est pas un acte isolé ou arbitraire. Il s’appuie sur des données précises : déficit budgétaire chronique, accumulation d’arriérés de paiement, et incapacité du gouvernement à mettre en œuvre une politique de gestion rigoureuse. Le pays devra mobiliser des financements extérieurs représentant plus du quart de son PIB cette année un fardeau colossal qui limite toute marge de manœuvre. De plus, le service de la dette explose, rendant le Sénégal de plus en plus dépendant des emprunts internationaux, au risque de compromettre sa souveraineté financière.
La situation actuelle soulève des interrogations sur la gestion budgétaire du gouvernement. La communication autour des données économiques et de l’endettement réel a manqué de clarté, ce qui a pu nourrir un climat de méfiance. Par ailleurs, certains choix économiques notamment la priorisation de projets, la rentabilité incertaine de certains investissements ou encore la nature de certains partenariats suscitent des doutes quant à leur efficacité. La transparence, pilier essentiel de la bonne gouvernance financière, semble avoir été partiellement négligée dans le processus décisionnel.
Par ailleurs, le recours excessif à l’endettement externe, sans garanties suffisantes de retours économiques rapides, a fragilisé durablement les comptes publics. Des pays africains comme le Rwanda ou la Côte d’Ivoire, bien qu’eux aussi exposés à la dette, ont su conserver une certaine stabilité grâce à une discipline budgétaire plus rigoureuse et une meilleure gouvernance.
Selon les rapports du FMI et de la Banque mondiale, une dette dépassant les 70 % du PIB dans les économies émergentes constitue un seuil critique. Or, le Sénégal est désormais à 118 %. Les perspectives de croissance ne suffisent plus à justifier cette dérive, surtout quand la croissance est tirée par des secteurs peu redistributifs ou sensibles aux aléas extérieurs comme les hydrocarbures. De plus, les retards dans les décaissements de bailleurs multilatéraux démontrent un manque de confiance de ces partenaires, directement lié à la perception de mauvaise gestion.
À titre d’exemple, le Ghana, confronté à une situation similaire en 2022, a vu sa note dégradée après avoir longtemps sous-estimé ses dettes cachées. Il a fallu une restructuration douloureuse de sa dette et un programme d’austérité strict pour espérer rétablir la confiance des marchés. Le Sénégal suit dangereusement la même pente. À la différence près qu’il semble y avoir encore moins de transparence et plus d’atermoiements politiques dans les décisions économiques majeures.
L’abaissement de la note du Sénégal par S&P n’est pas un simple revers financier, mais le symptôme d’un mal profond : une gouvernance économique défaillante, marquée par des erreurs stratégiques, une transparence insuffisante et un manque criant d’anticipation. Il faut que le gouvernement assume ses responsabilités, cesse de dissimuler la gravité de la situation et engage des réformes courageuses pour éviter au pays de sombrer davantage. Le peuple sénégalais mérite mieux que des illusions de prospérité, il mérite une gestion honnête et compétente.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Kane.
Mis en ligne : 22/07/2025
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