L’artiste-comédien Moussa Seck, rendu célèbre par son rôle de Ndiawar Diagne dans la série Xalisso, comparaît ce jeudi 17 juillet devant le tribunal correctionnel du Pool judiciaire financier. Il est poursuivi pour escroquerie portant sur des deniers publics, faux et usage de faux, dans le cadre de la convention État-employeurs mise en place durant la pandémie de Covid-19. Le préjudice qui lui est reproché s’élève à 8,8 millions de francs CFA. Cette affaire s’inscrit dans le scandale des fonds Covid, un vaste dossier d’enquêtes et de procès liés à la mauvaise gestion et aux détournements des aides publiques destinées à soutenir les entreprises affectées par la crise sanitaire.
Ce fait divers, aussi décevant que révoltant, met en lumière une triste réalité : les figures publiques ne sont pas toujours à la hauteur des valeurs qu’elles sont censées incarner.
La pandémie de Covid-19 a plongé de nombreuses entreprises dans des difficultés sans précédent. Pour y faire face, l’État sénégalais avait mis en place des mesures d’accompagnement, dont la fameuse convention État-employeurs.
Ces fonds de solidarité avaient pour vocation d’aider les structures les plus vulnérables à traverser la crise. Or, ces ressources, issues de l’effort collectif, ont été massivement détournées selon les conclusions des enquêtes de l’OFNAC. Le cas de Moussa Seck n’est que la partie émergée d’un vaste iceberg de corruption.
Ce qui choque particulièrement dans cette affaire, c’est la posture de l’artiste. En tant que figure populaire, Moussa Seck jouissait d’un capital de sympathie et de confiance considérable. Son image publique lui donnait une portée morale qui aurait dû être mise au service du bien commun.
Au lieu de cela, il aurait choisi d’abuser de ce statut pour s’enrichir indûment, en pleine crise sanitaire, au détriment des véritables bénéficiaires de l’aide publique. Ce comportement, s’il est avéré, trahit non seulement un manque flagrant de probité, mais aussi une inquiétante absence de conscience sociale. Dans un contexte aussi sensible que celui du scandale des fonds Covid, une telle trahison morale ne peut que susciter indignation et consternation.
Dans de nombreux pays, les artistes sont érigés en modèles. Mais lorsque ces derniers se rendent coupables d’actes frauduleux, ils doivent être tenus au même niveau de responsabilité, voire à un niveau supérieur, que le citoyen lambda. À titre de comparaison, aux États-Unis, la chanteuse Shakira ou encore l’acteur Wesley Snipes ont été lourdement sanctionnés pour fraude fiscale. La célébrité ne les a pas protégés de la justice, et c’est ainsi que la démocratie reste crédible.
Au Sénégal, une culture de l’indulgence s’est installée autour de certaines personnalités publiques, comme si la renommée constituait un passe-droit. Cette tendance doit être inversée. Ce procès ne doit pas devenir une tribune de compassion médiatique, mais un moment de vérité et de rigueur. La lutte contre la corruption exige de frapper fort, surtout quand les fautifs occupent des positions influentes.
Le cas de Moussa Seck ne doit pas être minimisé. Il symbolise une trahison morale à un moment où l’unité et la solidarité nationale étaient cruciales. Si les artistes veulent bénéficier de l’amour du public, ils doivent aussi en assumer la responsabilité. Être un modèle, ce n’est pas seulement jouer un rôle à l’écran ; c’est aussi incarner des principes dans la vie réelle.
Le Sénégal doit aujourd’hui faire preuve de fermeté. L’impunité des célébrités est un poison pour notre société. Il ne s’agit pas de condamner un homme parce qu’il est célèbre, mais de rappeler que la célébrité n’est en aucun cas un bouclier contre la justice. Pour restaurer la confiance dans nos institutions, il faut des sanctions exemplaires. La culture ne doit jamais devenir un alibi pour la corruption.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Amina Diallo.
Mis en ligne : 22/07/2025
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