L’État recycle les discours, pas les déchets : Une décennie d'inaction - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Environnement | Par Eva | Publié le 01/08/2025 08:08:00

L’État recycle les discours, pas les déchets : Une décennie d'inaction

Un article publié récemment décrit l’ampleur de la pollution plastique au Sénégal, notamment à Dakar, entre marchés urbains, plages souillées et décharges surpeuplées. L’article détaille les efforts des récupérateurs, les témoignages de spécialistes et les appels à l’action de la société civile.

Pourtant, en dépit de l’urgence écologique, force est de constater que les autorités multiplient les discours sans jamais traduire leurs intentions en actions concrètes, laissant le pays s’enfoncer dans une crise environnementale silencieuse mais dévastatrice.

Depuis près d’une décennie, le Sénégal tente de réguler l’usage du plastique à usage unique. La loi n°2020-04 devait incarner une rupture. Mais en l’absence de décret d’application, elle est restée lettre morte. Pendant ce temps, les sachets plastiques continuent de s’accumuler dans les rues, les marchés, les océans… Le pays fait face à une crise écologique majeure, aux conséquences sanitaires, économiques et sociales considérables. Et pourtant, les autorités semblent plus préoccupées par l’organisation de journées de sensibilisation que par l’application de politiques fermes et efficaces.

L’article donne à voir une réalité glaçante : celle d’un État spectateur de sa propre catastrophe environnementale. Alors que les scientifiques et activistes proposent des alternatives crédibles réduction à la source, soutien aux récupérateurs, responsabilisation des producteurs les autorités se réfugient derrière des « consultations inclusives » interminables. Pire encore, elles tolèrent une industrie du plastique en expansion, sous la pression d’intérêts commerciaux. Ce double langage institutionnel mine la crédibilité de toute politique écologique.

Votée en 2020, la loi interdisant le plastique à usage unique reste inappliquée, faute de décret. Cette lenteur administrative trahit un manque de volonté politique.

Les microplastiques dans la baie de Hann dépassent de 360 000 fois la moyenne méditerranéenne. La biodiversité marine est en péril, et la santé publique directement menacée.

Les récupérateurs comme ceux de Mbeubeuss sont laissés pour compte, alors même qu’ils constituent le dernier rempart contre la catastrophe. Aucun soutien institutionnel structuré ne leur est accordé.

Ateliers, conférences, campagnes de sensibilisation… Les efforts se concentrent sur la communication, pas sur l’action. Le contraste entre les promesses et la réalité de terrain est criant.

Une étude de la Banque Mondiale publiée en 2021 indiquait que seulement 9 % des déchets plastiques étaient recyclés en Afrique subsaharienne. Le reste finit dans les décharges, les cours d’eau ou à ciel ouvert. Le Rwanda, confronté à la même problématique, a réussi à bannir les sachets plastiques dès 2008, en imposant des sanctions strictes et en accompagnant les commerçants dans la transition. Résultat : Kigali est aujourd’hui l’une des capitales les plus propres du continent.

Le contraste avec le Rwanda est édifiant. Là où Kigali applique une politique rigoureuse de gestion des déchets plastiques, Dakar se contente de promesses répétées. Au Kenya, les contrevenants à l’interdiction du plastique s’exposent à des peines de prison ou de lourdes amendes. À l’inverse, au Sénégal, l’absence de volonté ferme de l’État a transformé les plages en décharges et les rues en galeries de déchets volants.

Cesser de “recycler” les discours et passer à l’action est devenu une nécessité. Le Sénégal ne peut plus se permettre de temporiser. Il faut appliquer la loi de 2020, soutenir les acteurs du recyclage, responsabiliser les industriels, interdire les importations de plastiques à usage unique et surtout, imposer une stratégie claire et chiffrée de réduction des déchets plastiques. Sinon, le pays continuera de s’enfoncer dans un désastre écologique aux conséquences irréversibles. Les mots ne sauveront ni nos mers, ni nos enfants. Seuls les actes comptent désormais.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Laye.
Mis en ligne : 01/08/2025

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