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Récemment, la chanteuse sénégalaise Fatel Sow a surpris plus d’un en s’exprimant très librement sur les infidélités de son mari, le rappeur Ngaaka Blindé, lors d’une interview avec Pape Cheikh Diallo. Elle y décrit une réalité conjugale troublante, où la fidélité semble reléguée au second plan, et où l’adultère est assumé voire presque ritualisé. Ce choix de communication, bien qu’honorable par son honnêteté, mérite néanmoins une critique, tant il reflète une tendance préoccupante dans notre société : la banalisation et, pire encore, la glorification de l’infidélité masculine.
Dans un contexte sénégalais marqué par des valeurs familiales traditionnelles fortes, où la fidélité est encore souvent considérée comme un pilier du couple, la posture adoptée par Fatel Sow déroute. Au lieu de dénoncer ou de condamner cette situation, elle choisit d’accepter et même de gérer activement les écarts de son mari, allant jusqu’à les analyser avec pragmatisme. Cette « lucidité » affichée dissimule cependant une résignation dangereuse : celle d’une femme qui, face à une infidélité répétée, ne réclame plus le respect minimum dû dans une relation amoureuse.
Ce que révèle cette déclaration, c’est l’entrée dans une nouvelle ère où l’infidélité masculine est normalisée, voire banalisée, dans la culture populaire sénégalaise. On observe que cette tendance n’est pas propre au Sénégal. Partout dans le monde, les médias, à travers chansons, films, séries télévisées et réseaux sociaux, participent à cette normalisation. Dans les chansons de certains artistes rap ou mbalax, les infidélités sont souvent présentées comme un fait de vie, voire une marque de virilité ou de pouvoir. Dans des séries populaires, le mari infidèle est parfois même un personnage charmeur, suscitant la sympathie plus que le rejet. Sur les réseaux sociaux, ce discours se propage, influençant notamment les jeunes générations qui peuvent finir par considérer cette réalité comme acceptable, voire enviable.
Cette glorification de l’infidélité masculine pose plusieurs problèmes. Premièrement, elle perpétue une inégalité de genre profondément ancrée, où l’homme jouit d’une liberté sexuelle que la femme ne peut guère revendiquer sans risque d’être stigmatisée. Deuxièmement, elle contribue à fragiliser les fondements même du couple et, par ricochet, la cellule familiale. Enfin, elle crée un précédent néfaste pour les jeunes, qui grandissent avec un modèle relationnel biaisé, marqué par la trahison et le manque de respect mutuel.
Au Sénégal, pays où la fidélité et la famille restent des valeurs fondamentales, ce type de discours, surtout quand il est porté par des figures publiques comme Fatel Sow et Ngaaka Blindé, doit être questionné avec sérieux. Accepter et gérer l’infidélité de manière passive, c’est abandonner la quête d’un amour sincère et respectueux, et contribuer à banaliser des comportements qui minent la confiance et l’équilibre social.
Il est urgent d’appeler à une prise de conscience collective. Les artistes, influenceurs et médias ont un rôle à jouer : celui de promouvoir des valeurs d’égalité, de respect et de fidélité, plutôt que d’encourager ou de justifier l’infidélité. La culture populaire ne doit pas être le reflet d’un conformisme néfaste, mais un levier pour élever le débat et proposer des modèles plus sains.
Si la franchise de Fatel Sow sur sa vie privée peut paraître courageuse, elle masque une acceptation problématique d’une infidélité masculine normalisée. Cette situation, loin d’être une anecdote privée, est symptomatique d’un mal culturel qu’il convient de combattre fermement. Il faut refuser cette glorification de l’adultère, restaurer le respect au sein des couples, et élever la voix contre cette résignation dangereuse qui mine la dignité des femmes et fragilise le tissu social.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Coumba Diallo.
Mis en ligne : 01/08/2025
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