Fermeté tardive : Le réveil calculé d’Emmanuel Macron - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Eva | Publié le 13/08/2025 06:08:35

Fermeté tardive : Le réveil calculé d’Emmanuel Macron

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Le 6 août 2025, Le Figaro révèle une lettre adressée par Emmanuel Macron à son Premier ministre, François Bayrou, dans laquelle le président français appelle à « plus de fermeté et de détermination » vis-à-vis de l’Algérie. Il y évoque notamment la suspension de l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques algériens. Si cette annonce est présentée comme un tournant dans les relations franco-algériennes, nous considérons, pour notre part, qu’il s’agit moins d’un véritable sursaut diplomatique que d’un rattrapage tardif motivé par des intérêts électoraux et une pression de l’opinion publique.

Les relations entre la France et l’Algérie sont historiquement complexes, marquées par les séquelles de la colonisation, une interdépendance migratoire et des échanges économiques stratégiques. Depuis plusieurs années, la coopération consulaire entre les deux pays s’est considérablement détériorée. L’Algérie refuse régulièrement les réadmissions de ses ressortissants en situation irrégulière, entravant ainsi les politiques migratoires françaises. Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, Paris a opté pour une attitude conciliante, parfois même attentiste, laissant Alger dicter ses conditions sans réaction ferme.

La missive présidentielle présentée comme une démonstration d’autorité tombe dans un timing pour le moins opportun : à huit mois des élections européennes et alors que le climat politique en France est de plus en plus dominé par les questions identitaires et sécuritaires. La fermeté soudaine de Macron donne l’impression d’un virage stratégique, mais trop tardif pour être crédible. La suspension des visas diplomatiques, certes symboliquement forte, ne peut faire oublier les années de silence, voire de complaisance, face aux provocations d’Alger.

Une réaction tardive à un problème ancien, le refus de réadmission de ses ressortissants par l’Algérie n’est pas nouveau. Cela fait des années que cette impasse diplomatique mine les relations bilatérales sans que Paris ne prenne de mesures concrètes.

Une diplomatie réactive plutôt que proactive, la décision de Macron semble davantage répondre à la montée des critiques internes et au durcissement du discours de certains membres de la majorité que relever d’une stratégie diplomatique cohérente et construite.

Une absence de vision de long terme, la lettre ne propose aucune solution structurelle pour reconstruire une coopération consulaire durable. Elle s’inscrit dans une logique punitive plutôt que diplomatique, risquant d’envenimer davantage les tensions.

Un calcul politique transparent, face à la montée de l’extrême droite et à un électorat de plus en plus sensible aux questions migratoires, ce geste vise manifestement à redorer l’image d’un exécutif accusé de laxisme.

Des analyses récentes du Journal du CNRS et des travaux de chercheurs comme Benjamin Stora ont démontré combien la relation franco-algérienne est piégée dans une mémoire conflictuelle non apaisée. Cette donnée historique est souvent exploitée à des fins politiques, de part et d’autre, et le durcissement affiché aujourd’hui s’inscrit dans cette logique d’instrumentalisation mémorielle.

Le contraste avec l’attitude de l’Italie ou de l’Espagne face à leurs partenaires nord-africains est saisissant. Ces pays, bien que confrontés aux mêmes défis migratoires, ont mis en place des dialogues continus et des politiques concertées, incluant aides au développement, partenariats sécuritaires et coopérations économiques. La France, en revanche, alterne entre arrogance diplomatique et mollesse politique.

Ce qui est présenté comme une inflexion ferme dans la politique française envers l’Algérie ressemble davantage à une opération de communication à visée électorale qu’à un changement stratégique sérieux. Emmanuel Macron ne fait que rattraper des années d’inaction, à un moment où le coût politique de l’inaction devient trop lourd. Une véritable refondation des relations franco-algériennes nécessiterait une approche courageuse, stable et respectueuse des deux peuples pas une décision ponctuelle aux relents opportunistes.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anonyme
Mis en ligne : 13/08/2025

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