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Lundi dernier, une violente houle s’est abattue sur Thiaroye-sur-Mer, transformant le quotidien de ses habitants en cauchemar. Sur plusieurs kilomètres, les vagues ont pénétré dans les ruelles et au sein même des habitations, causant d’importants dégâts matériels. Si cet épisode météorologique soudain a été largement relayé, il est essentiel d’adopter un regard critique sur la situation : la véritable source de cette catastrophe n’est pas la nature, mais bien une urbanisation non maîtrisée et anarchique qui fragilise dangereusement ce littoral.
Thiaroye-sur-Mer, ancien village de pêcheurs devenu une extension urbaine, subit depuis plusieurs années les conséquences d’une croissance démographique rapide et incontrôlée. Avec un tissu urbain informel, des constructions illégales et l’absence flagrante de planification, ce quartier est devenu une zone d’une grande vulnérabilité face aux aléas climatiques.
Ce contexte n’est pas propre à Thiaroye : les villes côtières d’Afrique de l’Ouest, souvent victimes d’une urbanisation sauvage, sont régulièrement confrontées à des problèmes similaires. Pourtant, malgré les alertes, les autorités locales et nationales semblent peu engagées dans la mise en place de mesures préventives efficaces.
L’article factuel décrit la houle comme un phénomène naturel amplifié par des aménagements portuaires à Dakar, et souligne l’urgence d’une action pour protéger les populations. Cette lecture est certes partiellement correcte, mais elle occulte une vérité plus profonde. En effet, ce sont surtout les constructions anarchiques, implantées dans des zones à haut risque, qui ont rendu Thiaroye-sur-Mer particulièrement exposé. L’absence de réseaux viables, les ruelles étroites et souvent inaccessibles, témoignent d’une urbanisation non planifiée qui complique l’intervention des secours et aggrave les dégâts.
La situation aurait pu être en partie évitée avec une politique urbaine cohérente, intégrant la gestion du littoral et la réglementation stricte des zones à risques. Or, le laxisme dans l’application des normes, l’absence de contrôle rigoureux des constructions, et parfois même la tolérance à l’installation illégale, ont transformé le quartier en un piège. Face aux éléments naturels, cette négligence administrative devient criminelle.
Premièrement, laisser se développer des quartiers sans planification ni régulation en zone côtière, c’est condamner les populations à subir des catastrophes répétées. Deuxièmement, le coût humain et matériel de ces désordres dépasse largement celui d’investissements préventifs dans l’urbanisme, la protection du littoral, ou encore l’aménagement des voies d’accès pour les secours. Troisièmement, le recours à des projets ambitieux comme la dépollution de la baie de Hann, aussi indispensables soient-ils, ne saurait remplacer une politique urbaine durable et responsable.
À titre de comparaison, des villes comme Cotonou au Bénin ou Lomé au Togo ont connu des épisodes similaires d’inondations aggravées par une urbanisation mal contrôlée. Ces exemples rappellent que le développement ne peut se faire au détriment de la sécurité des populations. Des mesures telles que le zonage strict, la relocalisation des populations vulnérables, et la mise en place d’infrastructures résilientes sont impératives.
La houle dévastatrice de lundi à Thiaroye-sur-Mer est bien plus qu’un simple accident climatique : elle est le reflet d’une gestion urbaine défaillante et d’un désintérêt coupable des autorités envers la vulnérabilité des populations. On doit rompre avec cette logique d’urbanisation anarchique et mettre en place des politiques publiques ambitieuses, claires et rigoureuses pour protéger les citoyens. Laisser faire, c’est accepter que des catastrophes similaires se répètent, aggravées par notre propre imprudence. L’État et les collectivités locales doivent agir sans délai, en priorisant la planification urbaine, la régulation stricte des constructions sur le littoral, et des solutions durables face à l’érosion côtière. La sécurité des populations ne peut plus être sacrifiée sur l’autel du développement sauvage. Il en va de notre responsabilité collective.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Amsatou Mbaye.
Mis en ligne : 15/05/2025
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