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L’annonce récente faite par Al Jazeera concernant la mort de cinq de ses journalistes, dont le correspondant Anas al-Sharif, tués dans une frappe israélienne « ciblée » à Gaza, suscite une profonde inquiétude. Selon l’armée israélienne, cette attaque visait un « terroriste » infiltré parmi les journalistes, accusant Anas al-Sharif d’être un chef d’une cellule du Hamas. Cette version, présentée sans preuves concrètes accessibles au public, mérite une analyse critique.
En effet, ces événements soulèvent des question sur la politique israélienne de ciblage, ses conséquences humaines et l’atteinte systématique à la liberté de la presse dans les zones de conflit.
Depuis le début du conflit en octobre 2023, la bande de Gaza est devenue un théâtre d’opérations où l’accès des journalistes est sévèrement restreint. Israël a interdit la diffusion d’Al Jazeera sur son territoire en mai 2024, renforçant un climat d’hostilité vis-à-vis des médias qui osent couvrir le conflit en donnant la parole aux Palestiniens. Ce durcissement s’accompagne d’une campagne répétée visant à dépeindre les journalistes locaux comme des « agents terroristes », une rhétorique qui non seulement met en danger la vie des reporters mais sape aussi le principe fondamental d’une presse libre et indépendante.
L’impact de ces accusations est double. D’une part, elles servent de justification à des frappes ciblées contre des professionnels du journalisme, comme cela semble être le cas avec la mort d’Anas al-Sharif et de ses collègues. D’autre part, elles créent un climat de peur et de censure qui empêche une couverture complète et équilibrée du conflit. Les journalistes étrangers, soumis à un encadrement militaire strict et à une censure lourde, ne peuvent souvent travailler qu’en « embed » avec l’armée israélienne, ce qui biaise la représentation des faits. Par ailleurs, les correspondants locaux, essentiels pour documenter la réalité du terrain, paient un prix humain exorbitant : près de 200 journalistes ont été tués en moins de deux ans, selon Reporters sans frontières.
Cette situation n’est pas isolée. Dans d’autres conflits armés, comme en Syrie ou en Ukraine, des journalistes ont également été la cible d’attaques ou victimes d’intimidations, souvent sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Mais ce qui rend le cas de Gaza particulièrement alarmant, c’est la systématisation d’une politique officielle visant à dénigrer et à éliminer les voix indépendantes, surtout celles qui s’efforcent de montrer le point de vue palestinien. Cette stratégie n’est pas seulement une violation du droit international humanitaire, elle constitue un frein dangereux à la transparence et au débat démocratique dans une région déjà profondément meurtrie.
Le ciblage des journalistes ne peut être toléré. Il s’agit d’une atteinte directe aux droits humains fondamentaux, notamment la liberté d’expression et le droit à l’information. La communauté internationale doit condamner fermement ces pratiques et exiger d’Israël qu’il garantisse la protection des journalistes, qu’ils soient locaux ou internationaux. Sans cette protection, la vérité sur ce conflit restera à jamais partielle, et les populations civiles continueront de payer un lourd tribut, privés d’une couverture médiatique juste et indépendante.
La mort des journalistes d’Al Jazeera à Gaza illustre tragiquement les dérives d’une politique de ciblage israélienne qui met en danger la vie humaine et la liberté de la presse. Il faut rappeler qu’une guerre menée dans l’ombre et sans témoins libres est une guerre vouée à l’injustice. La communauté internationale doit agir, en réclamant des enquêtes indépendantes et en défendant la liberté journalistique comme un pilier indispensable de la paix et de la justice.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moustapha Seck.
Mis en ligne : 18/05/2025
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