Un signal d’alarme ignoré : Le silence avant la crise - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Agriculture | Par Eva | Publié le 18/08/2025 07:08:15

Un signal d’alarme ignoré : Le silence avant la crise

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La campagne agricole 2024/2025 au Sénégal laisse entrevoir un tableau inquiétant pour notre agriculture. Les chiffres récemment publiés par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) montrent une chute notable de la production dans plusieurs filières stratégiques. L’arachide huilerie, par exemple, enregistre une baisse de près de 25 % par rapport à la campagne précédente, tandis que les cultures céréalières voient leur production diminuer de plus de 24 %. Ces résultats ne sont pas de simples accidents climatiques : ils révèlent un problème plus profond, celui d’une agriculture livrée à elle-même, face aux aléas climatiques et à la pénurie de moyens.

Le contexte actuel de nos zones rurales est préoccupant. Les petites exploitations, longtemps considérées comme le socle de la sécurité alimentaire, subissent les effets conjugués de la sécheresse, de la baisse des rendements et de la réduction des superficies cultivées.

À cela s’ajoutent des difficultés structurelles telles que le manque de mécanisation, l’accès limité aux intrants et des infrastructures insuffisantes pour le stockage et la transformation des produits. Ces handicaps mettent les paysans dans une situation de vulnérabilité extrême et menacent la pérennité même de l’agriculture sénégalaise.

L’analyse des chiffres est d’autant plus accablante qu’elle montre une tendance à la baisse dans toutes les cultures majeures. Le mil, le sorgho, le maïs et le riz ont tous enregistré des reculs significatifs. Derrière ces statistiques se cachent des histoires de paysans contraints d’abandonner leurs terres faute de moyens, de jeunes familles rurales poussées vers les villes, et de villages qui se désertifient progressivement. Ces réalités témoignent d’une agriculture laissée à l’abandon, malgré son rôle essentiel dans l’économie et la sécurité alimentaire nationale.

Cette situation est aggravée par une gestion des ressources qui reste insuffisante. Les subventions, lorsqu’elles existent, sont souvent mal ciblées ou insuffisantes, et ne parviennent pas à atteindre ceux qui en ont le plus besoin. L’absence de politique cohérente et de suivi rigoureux laisse les producteurs sans filet de sécurité, confrontés à des aléas qui pourraient être atténués par un accompagnement efficace et des moyens adaptés. La combinaison de ces facteurs fait peser un lourd fardeau sur les petites exploitations et risque d’accentuer la pauvreté en milieu rural.

Comparé à d’autres pays de la région qui parviennent à stabiliser ou augmenter leurs productions grâce à des politiques agricoles bien ciblées, le Sénégal semble accumuler un retard préoccupant. Cela souligne l’urgence de repenser notre approche, en mettant au centre les besoins des petits producteurs et en assurant un soutien concret pour renforcer leur résilience face aux défis climatiques et économiques.

Il est impératif d’agir rapidement pour inverser cette tendance. Les initiatives doivent viser à améliorer l’accès aux intrants, à moderniser les outils de production, à renforcer les infrastructures de stockage et de transformation, et à garantir une gestion transparente des ressources. Les paysans ne peuvent pas être laissés pour compte ; leur sort conditionne la sécurité alimentaire de tout le pays. Ignorer cette réalité, c’est mettre en péril l’avenir de notre agriculture et, par extension, celui de notre nation.

Les résultats de la campagne agricole 2024/2025 doivent être un signal d’alarme. Ils révèlent une agriculture fragile, une population rurale en difficulté et des politiques insuffisantes pour faire face aux défis actuels. Il faut mettre en œuvre des mesures concrètes pour soutenir ceux qui nourrissent le pays et pour garantir que notre agriculture retrouve la place qu’elle mérite dans le développement national.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Malick Sylla.
Mis en ligne : 18/08/2025

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