« Ma mère est un fardeau » : Quand l’héritage tue la famille - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 01/09/2025 10:09:30

« Ma mère est un fardeau » : Quand l’héritage tue la famille

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Un article récent relate le cas d’une fille unique, héritière de son père décédé, qui souhaite expulser sa mère veuve de la maison familiale, sous prétexte de mésententes et de conflits autour de la gestion des biens laissés par le défunt. Ce récit, aussi glaçant qu’édifiant, révèle une réalité trop souvent ignorée : celle de l’ingratitude et de l’égoïsme décomplexé, encouragés par des conjoints opportunistes. Cette attitude est indéfendable, immorale et socialement condamnable. Comment une fille peut-elle envisager de priver sa propre mère, veuve et vulnérable, du toit qui a abrité sa vie entière, au nom d’un héritage et d’un confort personnel ?

Au Sénégal, comme dans de nombreux pays africains, la question de l’héritage est souvent source de tensions, mais aussi de solidarité familiale. Selon le droit successoral sénégalais, influencé à la fois par le droit civil et le droit musulman, la veuve a des droits sur le patrimoine de son défunt époux, notamment en matière de logement et de subsistance. Pourtant, les cas de veuves spoliées, chassées de leur foyer par leurs propres enfants, ne sont pas rares.

Ces pratiques, souvent justifiées par des conflits familiaux ou des intérêts matériels, trahissent une rupture des valeurs fondamentales de respect et de gratitude envers ceux qui nous ont élevés. Dans d’autres contextes, comme au Maroc, des réformes récentes visent justement à protéger les veuves contre de telles expulsions, reconnaissant leur droit à rester dans le domicile conjugal après le décès de leur mari. Pourquoi le Sénégal ne s’inspirerait-il pas de ces avancées pour mieux protéger ses mères veuves ?

L’article présente une situation où une fille unique, soutenue par son mari, cherche à évincer sa mère du foyer familial. Le prétexte ? Des désaccords sur la gestion des biens et une prétendue perturbation de la vie conjugale. Mais derrière ces arguments se cache une réalité plus crue : la convoitise des biens paternels et l’influence d’un mari qui, n’ayant rien à lui, voit dans cet héritage une opportunité de s’enrichir. La proposition de « trouver un homme » pour marier la mère, comme si elle était un fardeau à écarter, est non seulement humiliante, mais aussi révélatrice d’une mentalité patriarcale et mercantile. La mère, âgée de 53 ans, est encore en pleine forme, mais cela ne justifie en rien de la traiter comme un obstacle à éliminer.

Au Sénégal, la veuve a droit à une part de l’héritage et, dans de nombreux cas, à un logement décent. La charia et le droit civil sénégalais protègent ses droits, notamment en matière de logement et de pension. Chasser une mère de chez elle, c’est non seulement une violation de ces droits, mais aussi une trahison des valeurs africaines de respect des aînés et de solidarité familiale.

La fille unique, en tant qu’héritière, a un devoir moral envers sa mère, d’autant plus que cette dernière a consacré sa vie à élever sa famille. Le mari, quant à lui, agit par intérêt : son insistance à expulser la belle-mère révèle une stratégie pour s’approprier les biens sans partage. Ce comportement est d’autant plus condamnable qu’il exploite les failles émotionnelles et juridiques pour spolier une femme vulnérable.

De tels actes ne détruisent pas seulement une famille, ils sapent les fondements mêmes de la société. En Afrique, la famille est un pilier central ; la désintégrer pour des raisons matérielles, c’est ouvrir la porte à une individualisme destructeur, où chacun ne pense qu’à son propre profit.

En République Démocratique du Congo, par exemple, les veuves sont souvent accusées de sorcellerie et chassées de leur foyer, laissant leurs enfants sans protection. Ces pratiques, dénoncées par les organisations internationales, montrent à quel point les veuves sont vulnérables et nécessitent une protection renforcée. Au Sénégal, même si la situation est moins extrême, le principe reste le même : une veuve ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de l’héritage.

Chasser sa propre mère de la maison de son père, c’est renier ses origines, ses valeurs et son humanité. Cette fille et son mari devraient avoir honte de leur projet, qui n’est que l’expression d’un égoïsme et d’une avidité indignes. La société sénégalaise, et africaine plus largement, doit condamner fermement de telles pratiques et renforcer les protections juridiques et sociales pour les veuves. Une mère n’est pas un fardeau, mais un pilier ; la respecter, c’est honorer la mémoire de celui qui nous a donnés la vie. À tous ceux qui envisageraient de suivre cet exemple, rappelez-vous : l’héritage le plus précieux n’est pas celui des biens, mais celui des valeurs. Et celles-ci, une fois perdues, ne se récupèrent jamais.

La vraie richesse, c’est la dignité. Ne la vendez pas pour un appartement ou un héritage.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 01/09/2025

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