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Lors du 2e Sommet africain sur le climat à Addis-Abeba, l’ancien président sénégalais Macky Sall a rappelé une vérité trop longtemps ignorée : « L’Afrique ne peut, à elle seule, faire face aux effets d’un état d’urgence environnemental mondial qu’elle n’a pas créé. » Pourtant, malgré l’évidence de cette déclaration, les pays industrialisés, principaux responsables du dérèglement climatique, continuent de tergiverser.
L’Occident et la Chine accumulent promesses creuses et engagements non tenus, laissant l’Afrique affronter seule les conséquences de leur pollution. Ce que réclame le continent n’est pas de la charité, mais le paiement d’une dette climatique longtemps ignorée.
L’Afrique contribue à moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais elle subit de plein fouet les catastrophes climatiques : sécheresses, inondations meurtrières et insécurité alimentaire croissante. Pendant ce temps, les pays riches, États-Unis, Europe, Chine, ont bâti leur prospérité sur deux siècles d’industrialisation polluante, sans jamais assumer le coût environnemental de leur développement. Aujourd’hui, alors que le continent lutte pour survivre, les financements promis restent dérisoires : 300 milliards de dollars par an face aux 1 300 milliards nécessaires selon Macky Sall. Depuis 2009, les 100 milliards annuels promis aux pays en développement n’ont jamais été intégralement versés. La question reste simple : jusqu’à quand l’Afrique devra-t-elle payer pour une crise qu’elle n’a pas provoquée ?
Le sommet d’Addis-Abeba illustre une amère réalité : le monde organise plus de conférences qu’il n’agit réellement. Les preuves de l’injustice climatique sont multiples. Au Nigeria, les inondations de 2022 ont fait plus de 600 morts et déplacé 1,4 million de personnes, aggravées par des pluies plus intenses et l’élévation du niveau de la mer. Dans la Corne de l’Afrique, la sécheresse de 2024 a plongé 23 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire, conséquence directe des émissions massives des pays industrialisés. À Madagascar, les cyclones répétés détruisent infrastructures et récoltes, poussant des milliers de familles dans la précarité.
Ces catastrophes ne sont pas des fatalités. Elles résultent d’un modèle de développement prédateur imposé par l’Occident et reproduit par la Chine. Pourtant, quand il s’agit de financer l’adaptation, les pays riches brandissent des arguments comptables et conditionnent leur aide à des réformes libérales. L’Afrique n’a pas besoin de promesses : elle exige que les pollueurs historiques reconnaissent et paient leur dette. Les 1 300 milliards réclamés représentent à peine 3 % du PIB combiné des États-Unis et de l’Union européenne, une somme dérisoire au regard des dégâts causés et des profits accumulés.
Les pays industrialisés ont émis 70 % des gaz à effet de serre depuis 1850. Leur richesse s’est construite sur le dos du climat, et donc sur celui des populations africaines, aujourd’hui en première ligne. Alors que l’Afrique doit financer des plans d’adaptation coûteux, les subventions aux énergies fossiles persistent dans le monde développé, à hauteur de 7 000 milliards de dollars par an. Les fonds alloués à l’Afrique sont souvent détournés vers des projets étrangers ou perdus dans des bureaucraties inefficaces, laissant les communautés locales dans le désarroi. La justice climatique exige des réparations, des mécanismes contraignants et une redistribution des ressources tenant compte des responsabilités historiques.
Cette situation rappelle d’autres formes d’exploitation subies par l’Afrique. La dette financière imposée aux pays africains dans le passé suit aujourd’hui un schéma similaire : payer pour un désastre dont ils ne sont pas responsables. Le colonialisme, lui, a extrait des ressources naturelles ; aujourd’hui, c’est la capacité d’absorption carbone du continent qui est exploitée pour compenser les émissions des autres. Comme pour les réparations liées à l’esclavage ou la colonisation, la dette climatique doit être reconnue, quantifiée et honorée. Sans cela, les sommets comme celui d’Addis-Abeba ne seront que des tribunes pour discours creux, tandis que des millions d’Africains continueront de souffrir.
L’appel de Macky Sall n’est pas une supplication, c’est un ultimatum. Les pays riches doivent assumer leurs responsabilités : annuler la dette climatique, financer intégralement l’adaptation et réduire drastiquement leurs émissions. La COP30 au Brésil sera un test : si les puissances industrielles se présentent les mains vides, l’Afrique et les pays du Sud devront envisager des mesures radicales : boycott des négociations, taxes unilatérales sur les émissions historiques, ou actions en justice internationale.
Le message est clair : l’Afrique ne mendie pas, elle réclame ce qui lui est dû. Citoyens, médias et organisations doivent faire pression pour que : les gouvernements reconnaissent officiellement la dette climatique due à l’Afrique, versent les 1 300 milliards annuels sans condition, et mettent fin aux subventions aux énergies fossiles. La crise climatique est d’abord une crise de justice. Résoudre l’une sans l’autre est une illusion, et l’Afrique n’a plus de temps à perdre.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Alphonse Diatta.
Mis en ligne : 14/09/2025
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