Mariée sans l’accord de ma mère : Ce silence qui tue - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 18/09/2025 10:09:30

Mariée sans l’accord de ma mère : Ce silence qui tue

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L’histoire rapportée est celle d’une femme sénégalaise qui, mariée sans l’accord de sa mère, a sombré dans un mariage marqué par la violence physique et psychologique. Battue même pendant sa grossesse, humiliée au quotidien, elle est finalement répudiée par son mari, abandonnée par sa belle-famille et isolée face à sa propre famille. Malgré tout, elle confesse rester prisonnière d’un attachement toxique envers cet homme qui l’a détruite, incapable de tourner la page malgré la main tendue d’un autre. Une douleur qu’elle interprète presque comme une punition divine pour avoir défié sa mère et suivi son cœur.

Cette histoire n’a rien d’un simple drame personnel. C’est le reflet d’une société complice de violences, d’une culture qui tolère l’inacceptable et d’un système qui préfère accuser les victimes plutôt que de les protéger. Et il est temps de dire stop.

Au Sénégal, comme dans beaucoup de sociétés patriarcales, les normes culturelles autour du mariage, du respect filial, du “thiang” (dot) ou de la dot sociale, de l’honneur familial, pèsent lourd. La violence conjugale existe bel et bien selon une enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), environ 25 % des femmes de 15 à 49 ans ont déclaré avoir subi des violences physiques de la part de leur partenaire. Le silence est énorme : beaucoup ne portent pas plainte, restent silencieuses par peur, honte, dépendance économique ou simplement parce que la société leur dit de supporter.

Il existe des structures d’aide : boutiques de droit, associations comme Kayam, VFF Sénégal, venant en secours aux femmes victimes de violences conjugales, domestiques ou psychologiques. Et des lois : la loi n° 99-05 de 1999 sur les violences faites aux femmes, Code du Travail protégeant les congés de maternité, etc.

L’histoire factuelle dépasse le simple récit personnel : elle illustre un phénomène systémique. Mariage imposé ou mal accepté, violences même pendant la grossesse, humiliation, solitude, dépendance affective. Tout cela se tisse dans le silence de la famille, le regard de la communauté, la légitimité culturelle donnée au mari sur la femme, et l’absence de soutien structurel (juridique, psychologique, familial) jusqu’au moment où tout implose.

Cette femme dit : “je l’aimais”, “je ne pouvais pas partir”, “je suis perdue sans lui” des phrases que beaucoup connaissent. La dépendance affective n’est pas une faiblesse personnelle, c’est souvent ce que produit une société qui isole, qui culpabilise, qui met la honte sur la victime, qui banalise la violence. Elle parle de baptême fait seule, cadeau offert seule, enfant enlevé par la belle-famille… Ces actions montrent que l’injustice ne se limite pas aux coups, mais inclut l’appropriation de l’enfant, l’humiliation publique, la réduction de la femme à “rien”.

Aucun amour ne justifie le coup, l’insulte, le mépris. C’est un principe fondamental de dignité humaine. Admettre que “l’amour” excuse tout, c’est laisser un terrain fertile à l’abus.

La famille (mère, belle-famille) doit jouer un rôle protecteur, pas complice d’un système qui permet l’oppression. Le “thiang”, l’honneur, le regard des autres = autant de chaînes invisibles. La mère qui refuse son accord, ou la belle-mère qui exige le remboursement du thiang : ce ne sont pas des détails. Ce sont des manifestations de patriarcat.

Ne laissons pas ces femmes seules avec leur douleur, leur isolement, leur peur. Les associations, boutiques de droit, centres d’accueil existent, mais ne suffisent pas tant que la culture de la dénonciation reste taboue et tant que les lois ne sont pas appliquées.

Elle retient, elle éteint, elle enferme. Ces liens “invisibles” répudiation, rejet, humiliation laissent des traumatismes durables. Ce n’est pas la victime qui doit supporter le poids psychologique en silence.

Ces situations ne sont pas anecdotiques. Ce sont des indicateurs alarmants qu’une partie de la population vit quotidiennement dans un régime de peur domestique. Les lois doivent être renforcées, bien appliquées. Les réformes urgentes sont impératives.

Dans d’autres pays africains, des récits très similaires : femmes mariées contre le souhait de leur famille, violences subies, rejet familial, dépendance affective. Ce n’est pas un problème localisé mais régional voire mondial. En Inde, au Pakistan, ou même en Afrique de l’Ouest, des cas de mariages arrangés ou imposés, de dot ou de paiement de “dote”, de pressions familiales et violence sont rapportés. Et dans plusieurs cas, des mouvements féministes ou ONG obtiennent des réformes, des protections légales ça montre que ce qui semble “tradition culturelle” n’est pas immuable.

La souffrance de cette femme n’est pas une exception, c’est une alarme. On ne peut plus tolérer que des mariages soient imposés, que la violence conjugale soit banalisée, que la dépendance affective serve d’excuse pour l’inacceptable. Je rejette fermement toutes formes de justification : amour, tradition, culture ou pression sociale ne peuvent être des raisons valables pour sacrifier une vie, une dignité.

Il est urgent que la société entière familles, communautés, institutions, État prenne ses responsabilités. Que les lois soient non seulement écrites, mais appliquées. Que les victimes soient protégées, réparées. Que celles qui hésitent encore à quitter, à réclamer justice, sachent qu’elles ne sont pas seules. Non, ce n’est pas ta faute, non tu ne dois pas rester, oui tu mérites respect, sécurité et amour sans violence.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 18/09/2025

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