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Le 15 septembre 2025, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a réaffirmé son « admiration » pour les manifestants propalestiniens ayant perturbé, parfois violemment, le Tour d’Espagne (La Vuelta). Tout en condamnant la violence, il a salué une société civile qui « défend ses convictions de manière pacifique ». Pourtant, les faits sont têtus : barrières renversées, coureurs mis en danger, étapes écourtées, et une finale annulée à Madrid sous la pression des manifestants.
Ce double discours est non seulement contradictoire, mais dangereux. En légitimant des actions qui frôlent l’émeute, Sánchez envoie un message ambigu à la société espagnole et au monde : la fin justifie les moyens, même quand ceux-ci menacent l’ordre public et la sécurité des athlètes.
Depuis son arrivée en Espagne, La Vuelta 2025 a été le théâtre de perturbations quasi quotidiennes. Des milliers de manifestants ont ciblé l’équipe Israel-Premier Tech, envahissant les parcours, renversant les barrières de sécurité, et provoquant des chutes de coureurs. Dimanche 14 septembre, la dernière étape a été définitivement arrêtée à 56 km de l’arrivée, une première dans l’histoire de la course. Les images de manifestants envahissant la Gran Vía de Madrid, brandissant des pancartes hostiles et affrontant les forces de l’ordre, ont fait le tour du monde. Deux arrestations ont été recensées, mais le mal était fait : la compétition, symbole d’excellence sportive et de rassemblement, a été sacrifiée sur l’autel d’une cause politique.
Pedro Sánchez condamne la violence, mais son « admiration » pour les manifestants revient à excuser l’inexcusable. Un chef de gouvernement se doit de garantir l’ordre public et la sécurité de tous, pas d’encourager, même indirectement, des actions qui mettent en danger des sportifs et perturbent un événement international.
En agissant ainsi, il banalise les débordements et crée un précédent périlleux : demain, quelles autres compétitions, quels autres athlètes seront pris pour cible au nom d’une « cause juste » ? La frontière entre manifestation pacifique et acte violent est mince. Quand des barrières sont renversées, que des coureurs chutent, et que la police doit intervenir, on n’est plus dans le registre de la protestation légitime, mais dans celui de l’intimidation et du chaos.
L’opposition espagnole, mais aussi des observateurs internationaux, ont dénoncé une « honte internationale » et un gouvernement qui « a non seulement permis, mais aussi encouragé l’interruption de La Vuelta ». Comment expliquer autre chose, quand le Premier ministre exprime publiquement son soutien aux perturbateurs, tout en restant silencieux sur les risques encourus par les coureurs et l’image de son pays ?
La sécurité des athlètes a été sacrifiée sur l’autel du militantisme. Les règles de l’Union Cycliste Internationale (UCI) sont claires : la sécurité des coureurs est une priorité absolue. Le port du casque est obligatoire, les parcours sont sécurisés, et toute perturbation est sanctionnée. Pourtant, Sánchez semble considérer que ces principes peuvent être mis de côté au nom d’une cause politique. Quel message envoie-t-il aux organisateurs d’autres événements sportifs, comme le Tour de France 2026, dont le départ est prévu à Barcelone ? Que l’Espagne n’est plus un pays sûr pour accueillir des compétitions de haut niveau ?
Imaginons un instant que des manifestants d’extrême droite ou anti-avortement perturbent un événement sportif en Espagne. La réaction serait-elle la même ? Très probablement non. En choisissant de soutenir une cause populaire tout en fermant les yeux sur les excès de ses partisans, Sánchez adopte une posture sélective qui mine la crédibilité de l’État de droit. La loi doit s’appliquer à tous, sans distinction de cause.
Le sport a toujours été un terrain de revendications, des Jeux Olympiques de 1968 au mouvement Black Lives Matter. Mais quand des compétitions sont systématiquement ciblées, quand des athlètes sont mis en danger, et quand un gouvernement légitime ces actions, c’est la neutralité et l’universalité du sport qui sont menacées. Les exemples historiques montrent que les perturbations sportives, si elles attirent l’attention médiatique, divisent plus qu’elles ne fédèrent. Les militants écologistes qui interrompent des matchs de tennis ou des Grands Prix de Formule 1 en savent quelque chose : leurs actions suscitent plus de rejet que d’adhésion, même parmi ceux qui partagent leurs idées.
La Fédération des Communautés Juives d’Espagne a alerté sur le risque de stigmatisation et d’antisémitisme débridé. En Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, de tels débordements ne font qu’alimenter les tensions communautaires. Quand des manifestants brandissent des pancartes « Nétanyahou recherché » et célèbrent l’arrêt de la course comme une « victoire de la Palestine », ils ne font pas avancer la paix. Ils attisent les haines et les divisions.
Pedro Sánchez a le droit de défendre la cause palestinienne. Il n’a pas le droit de le faire au mépris de la sécurité publique, de l’intégrité du sport, et de la cohésion sociale. Un chef de gouvernement doit être le garant de l’ordre, pas le complice du désordre. La leçon de La Vuelta 2025 est claire : quand on légitime l’illégitime, on ouvre la porte à tous les excès. L’Espagne mérite mieux qu’un dirigeant qui joue avec le feu. Le sport mérite mieux qu’un terrain de guerre. Et la société espagnole mérite mieux qu’un double discours qui, sous couvert de morale, sème le chaos.
Il est temps de rappeler une évidence : la fin ne justifie pas les moyens. La violence, même « pacifique », reste la violence. Et un État qui ne protège pas ses citoyens, qu’ils soient coureurs, spectateurs ou simples passants, perd toute légitimité. À Sánchez de choisir : sera-t-il le Premier ministre de tous les Espagnols, ou le porte-parole d’une frange militante ? Le monde regarde.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Tabara M.
Mis en ligne : 18/09/2025
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