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Longtemps symbole de pollution et d’insalubrité, la décharge de Mbeubeuss, située à la périphérie de Dakar, est en pleine métamorphose. Grâce à un vaste projet de réhabilitation piloté par le gouvernement sénégalais et la PROMOGED, ce site de 115 hectares, autrefois synonyme de désastre écologique, se mue en un espace vert, économique et social exemplaire. Ce chantier, d’un coût de 26 milliards de FCFA pour la première phase, couvre déjà 40 hectares et prévoit la création d’un centre de tri, d’une unité de compostage, d’aires de jeux et de parcours sportifs.
Mais au-delà des infrastructures, c’est surtout la dimension humaine et inclusive du projet qui force l’admiration : 3 000 récupérateurs sont accompagnés dans une transition juste, avec indemnisation et formation vers des métiers de l’économie verte. Cette initiative prouve que le Sénégal peut concilier progrès urbain, respect de l’environnement et équité sociale, offrant ainsi un modèle inspirant pour toute l’Afrique.
Pendant des décennies, Mbeubeuss a été la plus grande décharge à ciel ouvert de Dakar, accueillant près de 475 000 tonnes de déchets par an. Les conséquences étaient dramatiques : pollution des sols, de l’air et des nappes phréatiques, risques sanitaires pour les populations riveraines, et précarité pour les milliers de récupérateurs qui y travaillaient dans des conditions dangereuses. Face à cette situation, les autorités sénégalaises ont décidé d’agir. Le ministre de l’Urbanisme, Moussa Balla Fofana, a lancé en 2025 un chantier historique visant à transformer radicalement le site. L’objectif est clair : faire de Mbeubeuss un pôle écologique multifonctionnel, tout en offrant une seconde chance aux travailleurs qui en vivaient.
Le projet de réhabilitation de Mbeubeuss se distingue par son approche globale. D’abord, sur le plan environnemental, la création d’un centre de tri et d’une unité de compostage permet de valoriser les déchets et de réduire considérablement la pollution. Les espaces réhabilités seront convertis en zones vertes, avec un lac, des jardins et des lieux de vie sociale, améliorant ainsi la qualité de vie des Dakarois.
Ensuite, sur le plan social, le Plan d’Action et de Réinstallation (PAR) et le Plan de Restauration des Moyens de Subsistance (PRMS) accompagnent les récupérateurs dans leur reconversion, avec un accent particulier sur l’autonomisation des femmes et le retrait des enfants du site. Enfin, sur le plan économique, le projet stimule l’économie circulaire en créant de nouveaux emplois dans le recyclage et la gestion des déchets, notamment pour les jeunes des quartiers environnants.
La transformation de Mbeubeuss en espace vert et en pôle de gestion durable des déchets montre qu’il est possible de restaurer des sites dégradés. Les unités de tri et de valorisation des déchets (plastiques, organiques, métalliques) permettent de recycler les matières premières et de réduire l’empreinte carbone de la région. Ce modèle s’inscrit dans une dynamique plus large de modernisation de la gestion des déchets au Sénégal, avec des retombées positives pour la santé publique et l’environnement.
Contrairement à d’autres projets de réhabilitation qui marginalisent les populations locales, celui de Mbeubeuss intègre les récupérateurs dans le processus. Les 3 000 travailleurs, souvent issus de milieux précaires, bénéficient d’une indemnisation et d’une formation pour s’orienter vers des métiers durables dans l’économie verte. Cette approche évite les drames sociaux et promeut une économie plus équitable.
Le Sénégal montre la voie à suivre pour les autres pays africains confrontés à des défis similaires. À l’image d’Abidjan, qui réhabilite la décharge d’Akouédo en parc écologique, ou du Maroc, qui a déjà réhabilité 67 décharges non contrôlées, Mbeubeuss pourrait inspirer des solutions adaptées aux réalités du continent. Ces initiatives prouvent qu’avec une volonté politique forte et des investissements ciblés, il est possible de transformer des bombes écologiques en opportunités de développement.
La réhabilitation de Mbeubeuss s’inscrit dans une tendance continentale. En Côte d’Ivoire, le site d’Akouédo, autrefois aussi insalubre que Mbeubeuss, est en cours de transformation en parc écologique urbain. Au Maroc, le Programme national des déchets ménagers a permis de réhabiliter des dizaines de décharges et de construire des centres de traitement modernes. Ces exemples démontrent que l’Afrique peut innover en matière de gestion des déchets et de développement durable, à condition de combiner innovation technique, financement adéquat et participation citoyenne.
La métamorphose de Mbeubeuss est une preuve que le Sénégal peut relever les défis environnementaux et sociaux de manière intégrée. Ce projet, à la fois ambitieux et concret, doit servir de catalyseur pour étendre ces bonnes pratiques à d’autres sites pollués du pays et du continent. Il est temps que les autres capitales africaines s’inspirent de cet exemple et investissent massivement dans la réhabilitation de leurs décharges, en plaçant l’humain et l’écologie au cœur de leurs priorités. Le message est clair : l’Afrique n’a pas à choisir entre développement et préservation de l’environnement. Avec des projets comme celui de Mbeubeuss, elle peut – et doit – faire les deux.
Il faut que les gouvernements africains et les partenaires internationaux soutiennent davantage ces initiatives. La réhabilitation des décharges ne doit pas être une exception, mais la norme. Investir dans des projets similaires, c’est investir dans l’avenir des villes, dans la santé des populations et dans la planète. Le Sénégal a franchi un pas décisif ; à d’autres de suivre.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mamy Sylla.
Mis en ligne : 30/09/2025
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