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Aliou Sall, frère de l’ex-président Macky Sall et ex-maire de Guédiawaye, vient d’être libéré sous caution après quelques jours de garde à vue pour des soupçons de blanchiment de capitaux. Dans un message larmoyant posté sur les réseaux sociaux, il remercie chaleureusement « les populations de Guédiawaye », les communautés religieuses de Tivaouane, Touba, Mbour, et même la Mauritanie, pour leur soutien indéfectible. Une scène pathétique, où un membre de l’élite corrompue joue les victimes, tandis que les Sénégalais, eux, subissent quotidiennement les conséquences de la prédation de leurs dirigeants.
Cette comédie de la solidarité populaire est une insulte à l’intelligence et à la dignité d’un peuple trop souvent manipulé. Derrière les remerciements hypocrites d’Aliou Sall se cache une réalité cruelle : celle d’une classe dirigeante qui pille, ment, et instrumentalise la foi et la misère pour se donner une image de martyr. Il faut dénoncer cette mascarade.
Aliou Sall et son épouse sont accusés d’avoir bénéficié de transactions financières opaques 170 millions de FCFA versés par la société Sertem et 70 millions présentés comme un « prêt personnel » déjà remboursé dans le cadre de l’acquisition d’un terrain aux Almadies via une société immobilière dont il détient 99 % du capital. La CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières) soupçonne un blanchiment de capitaux, mais qu’importe : une caution de 240 millions de FCFA, une somme dérisoire pour un homme habitué aux magouilles, lui a permis de retrouver sa liberté. Pendant ce temps, des milliers de Sénégalais croupissent en prison pour des délits bien moins graves, ou meurent faute de soins dans des hôpitaux sous-équipés.
Guédiawaye, cette commune pauvre de la banlieue dakaroise dont Aliou Sall a été maire, est un symbole de l’abandon des populations par leurs dirigeants. Chômage endémique, manque d’eau potable, écoles délabrées, insalubrité… Voici le quotidien des habitants, tandis que leurs « représentants » s’enrichissent dans l’ombre. Pourtant, ce sont ces mêmes populations qui sont sorties manifester leur soutien à Aliou Sall devant la DIC et le pool judiciaire financier. Une solidarité bien mal placée, quand on sait que les Sall et leur clan ont contribué à plonger le pays dans la crise économique et sociale.
Aliou Sall n’a pas de honte. Il remercie les communautés religieuses de Tivaouane, Touba, Mbour, comme si ces dernières devaient se réjouir de voir un homme soupçonné de blanchiment échapper à la justice. Pire, il instrumentalise la foi des Sénégalais, comme si les prières des marabouts pouvaient laver les soupçons de corruption. Cette stratégie n’est pas nouvelle : depuis des décennies, les élites sénégalaises utilisent la religion comme bouclier contre les critiques, transformant les lieux de culte en caisses de résonance pour leur propagande.
Mais où était Aliou Sall quand les jeunes de Guédiawaye manifestaient contre le chômage et la cherté de la vie ? Où étaient Macky Sall et ses frères quand des dizaines de manifestants étaient tués par balles sous leur régime ? Où étaient-ils quand les hôpitaux manquent de médicaments, quand les enseignants font grève pour des salaires décents, quand les familles peinent à se nourrir ? Absents, bien sûr. Pourtant, dès qu’un membre du clan est menacé, soudain, le peuple est « spontanément » mobilisé. Comme par magie.
Cette récupération de la solidarité populaire est d’autant plus cynique qu’elle s’appuie sur un système clientéliste bien huilé. Les « populations de Guédiawaye » qui soutiennent Aliou Sall ne le font pas par conviction, mais par peur, par habitude, ou parce qu’elles espèrent quelques miettes du festin. Pendant ce temps, les vrais problèmes la pauvreté, le manque d’emplois, l’accès à l’éducation et à la santé sont ignorés. Les Sall et leurs semblables ont toujours su jouer sur les divisions et les loyautés tribales ou religieuses pour détourner l’attention de leurs turpitudes.
Aliou Sall et sa famille incarnent tout ce qui ne va pas au Sénégal : l’impunité des puissants, la corruption généralisée, le mépris pour le peuple. Pourtant, une partie de la population, manipulée par des discours creux et des promesses jamais tenues, continue de les soutenir. Pourquoi ? Parce que le système est conçu pour cela : diviser pour mieux régner. Les élites sénégalaises ont compris depuis longtemps que tant qu’elles pourront compter sur le soutien des chefs religieux, des notables locaux et d’une partie de la population désinformée, elles pourront continuer à piller en toute tranquillité.
Mais jusqu’à quand ? Combien de temps les Sénégalais accepteront-ils de voir leurs dirigeants s’enrichir sur leur dos, tout en les remerciant pour leur « solidarité » ? Combien de temps toléreront-ils que des hommes comme Aliou Sall, soupçonnés de blanchiment et de détournements, soient traités avec des gants blancs par la justice, tandis qu’eux-mêmes sont écrasés par la précarité ?
Dans d’autres pays africains, comme le Burkina Faso ou la Guinée, les peuples se sont soulevés contre des régimes corrompus. Au Sénégal, la colère gronde aussi. Les manifestations de 2021 à 2024, réprimées dans le sang, ont montré que les jeunes refusent de continuer à subir. Pourtant, la machine à manipuler tourne toujours à plein régime. Les remerciements d’Aliou Sall sont un rappel cruel de cette réalité : au Sénégal, les puissants peuvent tout se permettre, tant qu’ils savent jouer sur les cordes sensibles de la religion et de la solidarité communautaire.
Aliou Sall n’est pas une victime. Il est un symbole de l’impunité et de l’injustice qui rongent le Sénégal. Ses remerciements aux « populations de Guédiawaye » et aux communautés religieuses sont une provocation. Comment ose-t-il demander la solidarité de ceux qu’il a contribué à appauvrir ? Comment ose-t-il se présenter en martyr, alors qu’il bénéficie de tous les privilèges que l’argent et le pouvoir peuvent offrir ?
Les Sénégalais méritent mieux que cette comédie. Ils méritent des dirigeants intègres, une justice indépendante, et un système où chacun est traité de manière égale. Ils méritent que leur solidarité aille vers ceux qui en ont vraiment besoin : les chômeurs, les malades, les enfants sans école. Pas vers des hommes comme Aliou Sall, qui ont passé leur vie à les exploiter.
Il faut dire stop. La solidarité, c’est bien. Mais pas pour ceux qui vous volent.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Diop.
Mis en ligne : 16/10/2025
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