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Lors d’une récente conférence de presse à Dakar, Me Aïssata Tall Sall, ancienne ministre de la Justice et avocate de l’ex-président Macky Sall, a vivement contesté l’existence d’une « dette cachée » au Sénégal, accusant le gouvernement actuel de manipuler l’opinion publique. Ses déclarations, relayées avec force, méritent une analyse critique : en tant qu’ancienne membre du gouvernement et défenseure de Macky Sall, son positionnement soulève des questions légitimes sur son objectivité et sa crédibilité. Son intervention relève moins d’une quête de vérité que d’une stratégie de défense politique, où les faits sont souvent minimisés au profit d’une argumentation partiale.
Depuis 2024, plusieurs audits indépendants, menés par la Cour des comptes, l’Inspection générale des finances (IGF) et le cabinet Mazars, ont révélé une sous-estimation massive de la dette publique sénégalaise sous l’ère Macky Sall. Selon ces rapports, la dette réelle avoisinait 100 % du PIB en 2023, contre 70 % officiellement déclarés.
Le FMI a confirmé ces conclusions, pointant une « décision consciente de sous-estimer le stock de la dette » entre 2019 et 2024, soit un montant caché d’environ 7 milliards de dollars. Ces révélations ont entraîné une dégradation de la note du Sénégal par les agences de notation et compliqué les négociations avec les partenaires financiers.
Face à ces preuves accablantes, Me Aïssata Tall Sall a choisi de discréditer les rapports, affirmant qu’il s’agit d’une « chasse aux sorcières » politique. Pourtant, la Cour des comptes et l’IGF sont des institutions indépendantes, reconnues pour leur rigueur et leur impartialité. Leur crédibilité n’est pas à remettre en cause, contrairement à celle d’une avocate dont le double statut, ancienne ministre et conseillère de Macky Sall, crée un conflit d’intérêts évident.
Me Tall Sall minimise systématiquement les conclusions des audits, arguant que les rapports sont utilisés a posteriori pour justifier des accusations. Pourtant, ces documents sont le fruit de contrôles méthodiques, exigés par la loi et validés par des experts internationaux. En refusant de les reconnaître, elle adopte une posture de dénégation qui rappelle d’autres cas africains où d’anciens responsables, devenus avocats, ont tenté de protéger leurs anciens employeurs en discréditant les institutions de contrôle.
Son argument selon lequel « il n’existe pas de dette cachée, mais des documents dissimulés » est un sophisme : si des documents sont cachés, c’est précisément pour masquer des irrégularités financières. Par ailleurs, son appel à la « sérénité » et à un « débat républicain » sonne creux quand on sait que Macky Sall, pendant 12 ans, n’a jamais rendu publics les comptes complets de sa gestion. Pourquoi attendre d’être accusé pour réclamer la transparence ?
Enfin, son insistance sur la « violation de la loi sur l’accès à l’information » par le gouvernement actuel est ironique : sous son mandat ministériel, aucune mesure forte n’a été prise pour renforcer la transparence budgétaire. Les Sénégalais sont en droit de s’interroger : où était son zèle pour la vérité quand elle était aux commandes ?
Des rapports indépendants et convergents : la Cour des comptes, l’IGF et le FMI s’accordent sur l’ampleur de la dette cachée. Ignorer ces sources, c’est nier la réalité. En tant qu’ancienne ministre et avocate de Macky Sall, Me Tall Sall n’est pas un acteur neutre. Son rôle est de défendre son client, pas de chercher la vérité. Des cas similaires en France ou au Maroc ont montré comment d’anciens responsables, devenus avocats, ont instrumentalisé leur expertise pour brouiller les pistes. Plutôt que de répondre sur le fond, elle attaque la forme, accusant le gouvernement de « politiser » le débat. Pourtant, la dette publique concerne tous les citoyens, ce n’est pas un sujet partisan, mais un enjeu de gouvernance et de confiance.
Ailleurs en Afrique, des pays comme la RDC ou la Tunisie ont connu des crises similaires, où des anciens ministres, devenus avocats, ont tenté de discréditer les audits pour protéger leurs anciens collègues. Ces tentatives ont systématiquement échoué face à l’évidence des faits.
Me Aïssata Tall Sall a le droit de défendre Macky Sall, mais elle n’a pas celui de manipuler l’opinion en niant des rapports accablants. La dette cachée du Sénégal est un fait établi, confirmé par des institutions crédibles. Son refus de l’admettre ne fait que renforcer les soupçons sur la gestion passée et affaiblir la démocratie sénégalaise.
Il est temps que les responsables assument leurs actes. La transparence n’est pas une option, mais une obligation, surtout pour ceux qui, hier, détenaient le pouvoir. Les Sénégalais méritent des comptes, pas des manœuvres dilatoires. La justice et l’histoire jugeront ceux qui, comme Me Tall Sall, préfèrent la défense politique à la quête de vérité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moise D.
Mis en ligne : 01/11/2025
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