Dérives médiatiques répétées : Les ONG ferment les yeux - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 10/11/2025 03:11:30

Dérives médiatiques répétées : Les ONG ferment les yeux

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L’arrestation récente de Maïmouna Ndour Faye, directrice de la 7 TV, et de Babacar Fall, journaliste à la RFM, pour avoir diffusé des interviews d’une personne recherchée par la justice, a suscité une vague d’indignation de la part des défenseurs des droits de l’homme et de la société civile. Ces derniers dénoncent une « régression démocratique » et exigent la libération immédiate des deux professionnels des médias, au nom de la liberté de la presse. Pourtant, cette réaction systématique, sans nuance ni considération pour les conséquences de leurs actes, interroge : la défense inconditionnelle des journalistes, même en cas de faute avérée, ne risque-t-elle pas d’affaiblir la crédibilité des ONG et de banaliser l’impunité ?

Au Sénégal, comme ailleurs, la liberté de la presse est un pilier de la démocratie. Mais elle n’est pas absolue. Les médias ont aussi des responsabilités, notamment celle de ne pas entraver le travail de la justice ou de ne pas servir de caisse de résonance à des individus en fuite.

Pourtant, chaque fois qu’un journaliste est sanctionné pour avoir franchi cette ligne, les organisations de défense des droits de l’homme crient à la censure, comme si la justice n’avait pas son mot à dire. Le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie (CORED), organe d’autorégulation des médias, existe précisément pour éviter les dérives, mais il est souvent ignoré au profit de campagnes médiatiques et de polémiques stériles.

Les défenseurs des droits de l’homme semblent adopter un deux poids, deux mesures : ils exigent des États qu’ils respectent les règles, mais refusent d’appliquer les mêmes exigences aux journalistes. Pourtant, diffuser les propos d’une personne recherchée par la justice peut constituer une entrave à l’enquête, une complicité de fuite, ou une propagande déguisée. La liberté d’expression, aussi fondamentale soit-elle, comporte des limites, notamment pour préserver l’autorité de la justice et l’ordre public.

Au Sénégal, le CORED, bien que sous-financé et parfois inefficace, a pour mission de veiller au respect de l’éthique journalistique. Pourtant, au lieu de promouvoir son rôle, les ONG préfèrent brandir le spectre de la répression dès qu’un journaliste est interpellé. Cette attitude envoie un message dangereux : les règles ne s’appliquent pas à tous, et la liberté de la presse devient un bouclier contre toute responsabilité.

La liberté de la presse n’est pas une licence pour l’impunité. La diffusion d’interviews de personnes recherchées par la justice peut nuire à l’enquête, mettre en danger des tiers, ou glorifier des actes répréhensibles. En défendant systématiquement les journalistes, même en cas de faute, les ONG affaiblissent leur propre crédibilité et discréditent la cause des droits de l’homme. La justice a un rôle à jouer, et la société a le droit d’attendre des médias un minimum de responsabilité.

Le CORED est censé réguler les dérives médiatiques, mais il est souvent contourné. Au lieu de crier à la censure, les défenseurs des droits de l’homme devraient exiger que les journalistes utilisent cette instance avant de diffuser des contenus à risque. Son affaiblissement actuel, dû à un manque de moyens, ne justifie pas de rejeter toute forme de régulation.

Des exemples internationaux édifiants montrent que la liberté de la presse s’exerce dans un cadre, et que les sanctions ne sont pas toujours arbitraires. Dans certains pays, des médias ont été sanctionnés pour avoir diffusé des informations fausses ou trompeuses, ou pour obstruction à la justice, démontrant que l’exercice de la liberté de presse implique aussi des limites et des responsabilités.

La défense inconditionnelle des journalistes, même en cas d’erreur, est une impasse. Les défenseurs des droits de l’homme doivent cesser de minimiser les fautes des médias au nom de la liberté de la presse, et reconnaître que la justice a aussi un rôle à jouer. Sinon, ils risquent de perdre leur crédibilité et de saper la confiance du public dans les médias et les ONG.

On doit sortir de la logique du « deux poids, deux mesures ». Les défenseurs des droits de l’homme doivent exiger des journalistes qu’ils respectent les règles éthiques et juridiques, et promouvoir l’autorégulation plutôt que de crier à la répression à chaque intervention de la justice. La liberté de la presse est précieuse, mais elle ne doit pas devenir un alibi pour l’irresponsabilité.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Serigne F.
Mis en ligne : 10/11/2025

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