Promesses de baisse des prix : Barthélémy Dias, le seul à dire la vérité ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 12/11/2025 08:11:00

Promesses de baisse des prix : Barthélémy Dias, le seul à dire la vérité ?

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Dans un contexte marqué par des promesses gouvernementales de baisse des prix de l’électricité, du gaz et des carburants, Barthélémy Dias, leader de Sénégal Bi Nu Bokk, a récemment exprimé un scepticisme argumenté, qualifiant ces annonces de « promesse insensée » et de « démagogie ». Son intervention, rapportée par le journal L’As, met en lumière un décalage criant entre les discours politiques et la réalité économique du pays. Barthélémy Dias appelle à une gestion plus rigoureuse des ressources et à une transparence accrue, plutôt qu’à des effets d’annonce sans fondement technique ni calendrier réaliste.

Le Sénégal, pays producteur de gaz et de pétrole, fait face à une situation paradoxale : malgré ses ressources naturelles, les ménages paient l’électricité et le gaz plus cher qu’à Abidjan ou Lomé. Le gouvernement a annoncé une baisse des tarifs de 8 à 15 % pour l’électricité, le gaz et le carburant, mais sans préciser de calendrier ni de mécanisme concret pour y parvenir. Les infrastructures nécessaires à l’exploitation et à la distribution du gaz national sont encore en cours de développement, et les réseaux gaziers ne sont pas encore opérationnels à grande échelle. Par ailleurs, la dette publique et les questions de gouvernance économique restent des sujets de préoccupation majeure, avec des rapports clés (Inspection générale des finances, Cour des comptes) toujours non publiés.

Dias souligne à juste titre que la promesse d’une baisse des prix de l’énergie en 2026 est « techniquement improbable ». Il interroge : « Où en est-on avec la promesse de mettre fin aux importations de gaz en 2026 ? Les infrastructures nationales sont-elles prêtes ? » Ces questions sont d’autant plus pertinentes que les projets d’oléoducs et de réseaux gaziers, bien que lancés, ne seront pleinement opérationnels qu’à moyen terme. Par exemple, le Réseau Gazier du Sénégal (RGS), essentiel pour transporter le gaz du champ Grand Tortue Ahmeyim (GTA) vers les centrales électriques, n’est pas encore achevé. Les premiers travaux sur le segment Nord ne devraient débuter qu’en 2025, avec une livraison prévue fin 2025 pour une centrale de 250 MW à Saint-Louis.

Pour que la baisse des prix de l’énergie devienne une réalité, il est impératif de finaliser les infrastructures de transport et de distribution. Actuellement, le Sénégal dépend encore largement des importations coûteuses d’hydrocarbures, ce qui maintient les prix à un niveau élevé. Les experts confirment que sans une production et une distribution locales efficaces du gaz, toute réduction des tarifs ne pourra être que marginale et temporaire, reposant principalement sur des baisses de taxes, une solution peu durable et risquée pour les finances publiques.

Dias a raison de souligner l’aberration des prix élevés de l’énergie au Sénégal, comparés à ceux pratiqués dans d’autres pays de la zone UEMOA. À Abidjan ou Lomé, les ménages bénéficient de tarifs plus avantageux, alors que le Sénégal dispose de ressources gazières et pétrolières. Cette situation s’explique en partie par le retard pris dans la mise en place des infrastructures et par une fiscalité encore lourde sur les produits énergétiques. Les données montrent que le prix du kWh au Sénégal reste parmi les plus élevés de la région, malgré les annonces de réformes.

Face à ce qu’il qualifie de « politique d’illusions », Barthélémy Dias appelle à une mobilisation citoyenne et pacifique. Les mouvements comme « Rappel à l’ordre » et le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDDR) incarnent cette volonté de pression populaire pour plus de transparence et de responsabilité. Ces initiatives, soutenues par une partie importante de la société civile et de l’opposition, visent à éveiller les consciences et à exiger des comptes clairs sur la gestion des ressources et des finances publiques.

Les experts et les observateurs indépendants confirment que les baisses annoncées ne pourront être significatives et durables sans une refonte structurelle du secteur énergétique et une publication transparente des rapports financiers.

La demande de Dias de publier les rapports sur la dette nationale et les audits est légitime. Elle répond à un besoin de clarté et de confiance, essentiels pour la stabilité économique et sociale.

Les marches et actions citoyennes, comme celles prévues les 31 octobre et 8 novembre, sont des outils démocratiques pour rappeler aux dirigeants leurs obligations envers le peuple.

Barthélémy Dias incarne une opposition constructive, qui refuse les promesses creuses et exige des actions concrètes. Son appel à la rigueur, à la transparence et à la mobilisation citoyenne est une leçon de responsabilité politique. Le Sénégal a besoin de décisions courageuses et de projets réalistes, pas de slogans. En défendant ces principes, Dias contribue à poser les bases d’une gestion plus saine et plus équitable des ressources du pays, au bénéfice de tous les Sénégalais.

Son approche mérite d’être soutenue, car elle place l’intérêt général au-dessus des calculs politiques à court terme. Le vrai changement viendra d’une gouvernance transparente, d’investissements ciblés dans les infrastructures, et d’une participation active des citoyens à la vie publique. Le Sénégal mérite mieux que des effets d’annonce : il mérite des engagements tenus.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussou Manga.
Mis en ligne : 12/11/2025

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