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La récente histoire de Aissatou, veuve de Bocar, révèle une réalité douloureuse et pourtant trop fréquente au Sénégal : l’injustice à laquelle sont confrontées certaines femmes au sein du cadre légal et religieux. Aissatou, qui a partagé sa vie avec Bocar pendant plusieurs années et élevé cinq enfants avec lui, se retrouve aujourd’hui démunie. Tous les biens de son défunt mari ont été légués à sa première épouse, alors même que cette dernière ne partageait plus sa vie depuis des années.
Cette décision, choquante, soulève une question centrale : comment concilier droit, religion et justice sociale dans un pays où la polygamie est autorisée, mais où les conséquences humaines sont souvent négligées ?
Pendant trois ans, Aissatou a été aux côtés de Bocar durant sa maladie, prenant soin de lui avec dévouement et loyauté. Malgré cette épreuve, la première épouse, elle, est restée absente, incapable d’accepter que Bocar ait choisi de construire une nouvelle vie. Et pourtant, la loi islamique et certaines interprétations coutumières lui donnent un avantage considérable. La polygamie, bien qu’autorisée, ne devrait pas se transformer en outil d’injustice et de marginalisation. Comment accepter que le fruit de l’engagement quotidien d’une épouse dévouée soit attribué à celle qui a quitté le foyer depuis des années ?
Ce cas met également en lumière un autre problème criant : la dépendance économique des femmes dans ces situations. Aissatou n’a jamais travaillé, car Bocar le lui interdisait, préférant qu’elle consacre sa vie à la famille. Pendant ce temps, sa première épouse bénéficie d’un emploi dans la fonction publique. Comment Aissatou pourra-t-elle élever seule cinq enfants sans ressources ni soutien ? Cette situation révèle l’urgence de repenser la protection des veuves et des enfants dans un cadre légal qui semble privilégier le droit formel au détriment de la justice réelle et humaine.
Il faut que la société sénégalaise et ses instances légales se posent les bonnes questions. La polygamie ne peut être un prétexte pour ignorer les sacrifices des secondes épouses ou pour priver des enfants de sécurité et de stabilité. Il existe peut-être des voies juridiques pour contester de telles décisions, mais elles sont souvent complexes, coûteuses et intimidantes pour une veuve déjà fragilisée par la perte et la solitude. Les avocats doivent avoir conscience de cette dimension humaine et plaider non seulement le droit, mais aussi l’équité et la justice sociale.
Enfin, ce récit doit nous interpeller collectivement : comment construire une société où la loi protège les plus vulnérables et ne se limite pas à appliquer des règles abstraites ? Les femmes comme Aissatou méritent soutien, reconnaissance et moyens de subsistance. Leur dévouement et leur fidélité ne doivent pas être effacés par un simple testament ou des privilèges hérités du passé.
La justice ne peut être complète que si elle prend en compte la réalité des vies qu’elle touche. Et dans ce cas précis, elle devrait reconnaître que le sacrifice, la loyauté et l’amour quotidien de l’épouse survivante méritent d’être protégés. Ignorer cette réalité, c’est cautionner une inégalité flagrante et laisser des enfants grandir dans l’incertitude et la précarité. La société sénégalaise doit évoluer, et rapidement, pour que de telles injustices ne se reproduisent plus.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 13/11/2025
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