L’industrie musicale africaine : Une machine à broyer les talents - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Musique | Par Eva | Publié le 21/11/2025 08:11:30

L’industrie musicale africaine : Une machine à broyer les talents

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L’état de santé d’Amy Collé Dieng, aujourd’hui en détresse à Valence, en Espagne, est le symptôme d’un mal bien plus profond : l’exploitation éhontée des artistes par une industrie musicale africaine qui les utilise, les jette, et les oublie. Pendant que les producteurs, managers et plateformes s’enrichissent, les artistes, eux, finissent souvent seuls, sans filet, sans soutien. Ce n’est pas un cas isolé, mais le résultat d’un système qui broie les talents au lieu de les protéger.

Amy Collé Dieng a connu un succès fulgurant avec des tubes comme « Wane Ma ko » et « Defar Bamou Baax », portés par des labels sénégalais et internationaux. Pourtant, après des années de gloire, la voici abandonnée, souffrant de troubles mentaux, réduite à dépendre de la solidarité des réseaux sociaux pour survivre. Où sont passés les contrats mirifiques, les promesses de carrière internationale, les revenus censés assurer son avenir ? Comme tant d’autres, elle a été utilisée, puis jetée une fois que son utilité commerciale a diminué.

L’industrie musicale africaine fonctionne comme une pompe à profits : les artistes signent des contrats léonins, où ils cèdent la majorité de leurs droits et revenus à des labels ou managers qui, une fois le succès estompé, les laissent tomber sans aucun accompagnement. Les exemples sont légion : des artistes signent des contrats désavantageux, se retrouvent sans ressources après quelques années de succès, et finissent dans la précarité, voire la maladie, faute de structures d’accompagnement. Les syndicats ? Presque inexistants. Les fonds de solidarité ? Rares et insuffisants. Les assurances santé ou retraites ? Une utopie.

Les artistes africains, surtout les jeunes, signent souvent des contrats où ils ne touchent qu’une infime partie des revenus générés par leur travail. Les labels et producteurs, eux, empochent jusqu’à 80 % des royalties, laissant les artistes dans une dépendance totale et une insécurité financière chronique.

Où sont les syndicats, les fonds de solidarité, les assurances pour les artistes en difficulté ? En Europe ou aux États-Unis, des dispositifs existent pour protéger les artistes. En Afrique, ils sont livrés à eux-mêmes. Même les initiatives comme le Fonds de Solidarité pour les Artistes et les Organisations culturelles en Afrique (SOFACO) restent marginales et insuffisantes face à l’ampleur des besoins.

Amy Collé Dieng n’est pas la première ni la dernière. Combien d’artistes, après avoir fait les beaux jours de l’industrie, se retrouvent sans soutien une fois leur carrière moins florissante ? L’industrie musicale africaine est une machine à broyer les talents, pas à les protéger.

En Europe ou en Amérique du Nord, les artistes bénéficient de syndicats, de fonds de pension, d’assurances maladie, et de structures d’accompagnement psychologique et social. En Afrique, ces dispositifs brillent par leur absence. Pourtant, la musique africaine est aujourd’hui une force mondiale, générant des millions de dollars. Mais qui en profite vraiment ? Pas les artistes, en tout cas.

L’histoire d’Amy Collé Dieng doit servir de réveil brutal. L’industrie musicale africaine ne peut plus continuer à exploiter ses artistes sans leur offrir de sécurité sociale ou financière. Il faut que les gouvernements, les labels, les managers et les plateformes assument leurs responsabilités. Sinon, combien d’autres talents devront-ils sombrer avant que les choses changent ?

L’industrie musicale africaine a le choix : soit elle se réforme pour protéger ceux qui la font vivre, soit elle restera à jamais une machine à broyer les rêves et les vies.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 21/11/2025

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