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Dans un contexte où le Sénégal s’engage à promouvoir la consommation de riz local, un nouvel accord a été signé entre l’État, les producteurs et les commerçants. Cependant, la fixation du prix ex-usine à 350 F/kg soulève des interrogations quant à sa capacité à garantir la rentabilité des producteurs face à la flambée des coûts de production.
Le 12 novembre 2025, le Ministère de l’Industrie et du Commerce a franchi une étape significative en signant un protocole d’accord visant à promouvoir le riz sénégalais. Cette initiative s’inscrit dans la dynamique d’un patriotisme économique prôné par le Président de la République. Toutefois, le défi majeur demeure : comment assurer la rentabilité des producteurs dans un environnement économique de plus en plus difficile ?
L’accord stipule un prix ex-usine de 350 F/kg pour le riz blanc, un choix qui semble ambitieux sur le papier. Cependant, en réalité, ce montant pourrait ne pas suffire à couvrir les coûts de production croissants. À titre de comparaison, dans d’autres pays producteurs de riz, les prix garantis sont souvent supérieurs pour compenser les fluctuations des coûts de production. Ainsi, le Sénégal pourrait se retrouver dans une position désavantageuse si les producteurs ne parviennent pas à équilibrer leurs comptes.
Le soutien aux producteurs est louable, mais il doit être concret et adapté aux réalités du marché. Le mécanisme d’indexation des importations sur les achats de production locale est une mesure qui, bien que prometteuse, pourrait ne pas avoir l’impact escompté si le prix de 350 F/kg ne permet pas aux producteurs de faire face à leurs dépenses.
Premièrement, la hausse des coûts de production, exacerbée par l’inflation et la fluctuation des prix des intrants, met à mal la rentabilité des agriculteurs. Si le prix fixé ne reflète pas ces réalités économiques, les producteurs risquent de se retrouver dans une situation précaire, semblable à celle d’un coureur de marathon qui, malgré un bon départ, ne trouve pas le souffle nécessaire pour atteindre la ligne d’arrivée.
Deuxièmement, l’engagement des commerçants à absorber les volumes de riz disponibles est un bon signe, mais cela ne garantit pas que le marché sera suffisamment rémunérateur pour les producteurs. La comparaison avec d’autres filières agricoles montre que des prix plus élevés sont souvent nécessaires pour assurer la pérennité des exploitations. Le risque est de voir les agriculteurs abandonner la culture du riz au profit d’autres cultures plus rentables, ce qui nuirait à l’objectif de promouvoir le riz local.
Il est important d’adopter une vision à long terme pour la filière rizicole sénégalaise. L’initiative actuelle, bien que louable, doit être accompagnée d’une réflexion plus profonde sur la viabilité économique des producteurs. Il ne suffit pas d’encourager la consommation locale ; il faut également garantir que les producteurs puissent vivre décemment de leur travail. En d’autres termes, le patriotisme économique doit s’accompagner d’une politique de prix juste et équitable.
Des études récentes montrent que les producteurs de riz dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest bénéficient de prix garantis supérieurs, ce qui leur permet de mieux faire face aux aléas du marché. Ces exemples pourraient servir de modèle pour le Sénégal, qui doit impérativement revoir sa stratégie de valorisation du riz local pour éviter une crise dans ce secteur vital.
Bien que l’initiative de promouvoir le riz local soit un pas dans la bonne direction, le prix ex-usine fixé à 350 F/kg pourrait s’avérer insuffisant pour garantir la rentabilité des producteurs. Il faut repenser cette approche afin d’assurer la durabilité de la filière rizicole.
Les citoyens, les acteurs économiques et les décideurs doivent s’engager dans un dialogue constructif. Ensemble, ils doivent œuvrer pour une politique agricole qui valorise non seulement la consommation locale, mais aussi la juste rémunération des producteurs, car c’est là que réside l’avenir du riz sénégalais.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Soukeyna Fall.
Mis en ligne : 30/11/2025
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